En l’an de grâce 2012, le 10 janvier à 8 h 30 très exactement, Xavier Niel se présentait comme le prophète de la téléphonie mobile illimitée. Les masses laborieuses tendaient leurs visages hébétés vers la lumière pour entendre qu’elles allaient enfin cesser de se faire plumer par quelques opérateurs qui s’étaient odieusement mis d’accord sur les prix. Bavarder sans compter pour 19,99 euros par mois, tout en envoyant des mails et en surfant à qui mieux mieux sur son smartphone… c’était enfin la liberté qu’offrait le Grand Free.
Alors, nous fûmes plongés au cœur d’un suspense insoutenable : comment allaient réagir ceux qu’on accusait de se remplir les poches indûment avec nos factures de mobiles ? Allaient-ils s’aligner en baissant les yeux piteusement ? Allaient-ils ajouter un nouveau service encore plus fort pour maintenir le prix de leur forfait ? Allaient-ils… ?
Au-delà de la réponse à la question « Dois-je changer pour Free ? » à laquelle je me garderais bien de répondre à votre place, une question d’ordre économique m’est apparue : « De quoi parle-t-on en fait quand on parle de prix juste pour un forfait mobile ? Quel est le coût réel et qu’est-ce qu’on me fait payer ? » Louer de la bande passante, développer ou pas les infrastructures, entretenir ou pas un réseau d’agences, délocaliser ou pas le service-client… tout cela se retrouve au final ou pas dans ce que le consommateur paie. Quand je paie 50 euros au lieu 20, qu’est-ce que je paie en plus ou pas ? Dans quelle poche ça va exactement ? Si vous avez trouvé des articles qui analysent vraiment les coûts et les marges des opérateurs, je suis preneuse.
Je ne peux m’empêcher d’élargir cette question à la tournure que prennent les interrogations de plus en plus de citoyens sur le prix juste, le prix équitable, le prix qui va mieux dans un monde qui tourne mal… sur l’impact inévitable de la consommation à court terme sur le socio-politique à long terme.
Dans ce débat qui enfle, les entreprises qui réussiront à prendre le tournant de la transparence marketing auront trouvé une force de plus et une voie de fidélisation nouvelle. Une proportion croissante de consom’acteurs va être prête à payer le vrai prix si elle sait exactement pourquoi et si ça a du sens… Parallèlement, cette frange de moins en moins négligeable va de plus en plus rapidement éviter des achats qui vont dans le sens contraire. Une démarche facilitée par l’amplification de l’information, de la curation et du buzz permanent… car tout finit par se savoir de plus en plus vite. Free Mobile est là pour le glorifier : sa campagne de lancement historique s’est d’abord montée essentiellement sur le buzz sans recourir à la création de supports média traditionnels… Pour les marketeux qui espéraient encore que nous n’avions pas tout à fait changé d’époque, la messe est dite.
Linki-linki ! > article de “Que Choisir” sur les offres passées au peigne fin…