C’est bien connu : savoir, c’est pouvoir. Si vous n’avez pas les bonnes informations au bon moment, vous serez à côté de la plaque, vous agirez à côté, vous perdrez bien des longueurs sur vos concurrents potentiels, c’est-à-dire tous les êtres humains ici-bas. Savoir avant, savoir comment, savoir mieux. La bataille fait rage dans tous les réseaux de toutes sortes pour dénicher la donnée qui fera toute la différence. Vous avez bien sûr rangé les arbalètes et la poix, car il vous suffit d’un ordi, d’une tablette ou d’un smartphone pour rester hyperconnecté et tout savoir tout le temps. Blogs, quotidiens, mails, rapports de 57 pages en PDF, flux RSS, tweets 24 h sur 24… : vous êtes rongé par l’informitose, une maladie sans antidote connue. La surabondance des données que vous devez traiter chaque jour pour en sortir du sens engorge vos circuits relationnels et neuronaux. Vous devez vous informer en flux continu certes, mais vous devez aussi assurer dans la vie non-numérique, pleine de lenteurs et de lourdeurs (aller chercher le pain et entre 2 mails dire à votre femme que vous l’aimez). Vous devez lire, répondre, transmettre, trier, faire le lien et en plus vous devez aussi penser par vous-même. Vous avez décidé de militer pour la journée bi-bande de 48 heures : votre double numérique pourrait ainsi faire le tri à votre place et vous laisser buller dans le jacuzzi sans fil à la patte. Face à la diarrhée de données, à la coulée d’infos permanentes venant de sources plus ou moins contrôlées, face à la logorrhée mondiale absolue et entretenue, vous êtes sans cesse au bord du vomissement. Pourtant, cette informitose mal soignée peut nous conduire à une telle paralysie, qu’on finirait par être tenté de laisser les Autres décider à notre place.
Cela ne va guère vous rassurer, mais la seule chose qui vaille face à l’informitose, c’est une grosse dose d’esprit critique pour effectuer un tri drastique en amont… Et puis, vous serez peut-être plus heureux sans tout savoir, car de toute façon, on nous cache l’essentiel, c’est bien connu.