
C’est ballot : on a la tête dans le guidon et la dette sur le dos… et pendant ce temps-là, l’humanité est peut-être à un carrefour de sa destinée.
Pour prendre de l’avance, je viens juste de terminer le roman d’anticipation « Google Démocratie », qui nous plonge dans un futur à un battement de cil d’ici : 2018. Google est devenue la « world company » absolue. Les lois bioéthiques ont provoqué indirectement la quasi-faillite de la vieille Europe, face à une vague transhumaniste qui a par contre boosté la croissance des Etats-Unis et de la Chine, bien moins regardantes sur la bio-éthique. Transhumanisme ? Oui, un courant scientifique déjà en vogue aujourd’hui… et qui dans le livre réussit la fusion aboutie de la biologie, de la génétique et de l’informatique pour rendre l’immortalité enfin possible, autant que l’eugénisme parfait de la programmation génétique des bébés. Dans « Google Démocratie », Google est sur le point de poser une ultime pierre à l’édifice glorieux de ce Meilleur des Mondes : l’I.A., l’intelligence artificielle absolue, aboutissement de ce qui n’était au départ qu’un sympathique moteur de recherche. Après avoir vampirisé tout le savoir humain et s’être imprégné de ses aspects sensibles, l’I.A. peut veiller enfin au bonheur de l’humanité tout entière en prenant les bonnes décisions à sa place…
Alors bien entendu, de puissants « conservateurs » ne l’entendent pas de cette oreille et veulent stopper la vague du cyber-délire… Le techno-thriller peut commencer.
A l’heure où notre douce France se complait encore gentiment dans l’obsession du vieux clivage droite/gauche, « le roman Google Démocratie » pose les bonnes questions à l’échelle de la planète… comme si le vrai clivage allait se trouver bientôt entre les « techno-jusqu’au-boutistes » et les « humanistes forcenés ». Deux clans qui vont se battre pour redéfinir l’essence du bonheur et les limites de l’être humain.
Les deux auteurs, qui ne bricolent pas dans leur garage, savent un peu de quoi ils parlent : le premier est un médecin, expert des nouvelles technologies médicales ; l’autre est un journaliste passionné par la loi de Moore en informatique (NDLR : celle qui fait doubler la puissance des ordinateurs tous les 18 mois, un truc de ouf !). A moins qu’ils soient financés par un moteur de recherche concurrent (Bing de Microsoft par exemple) pour noircir le portrait du saint Google.
Enfin, bref, si vous êtes déjà un peu flippé par l’avenir qu’on ne lit pas dans les cartes de tarot, cette saine lecture ne va pas vous arranger le rictus de crainte… c’est vous qui voyez. Moi je me dis qu’avec le slogan de Google qui nous siffle à l’oreille « Don’t be evil »… on aurait plutôt toutes les raisons de se méfier d’un trop-plein d’angélisme.
Linki-Linki >Un article d’un journaliste de Libé pour en savoir plus