Plus le monde est complexe, plus on veut nous faire croire qu’il est simple… Pourtant, il vous suffit d’ouvrir avec une impatience enfantine le mode d’emploi de votre dernière tondeuse qui fait aussi grille-pain pour vous apercevoir que la recherche de la bonne pratique peut vite devenir une quête du Graal… et que le manque de simplicité fait encore quotidiennement des ravages. Le problème avec les modes d’emploi incompréhensibles (restons polis je vous prie, et ce en toutes circonstances…), c’est qu’ils sont sûrement conçus ou remaniés par des ingénieurs, aveuglés par l’amour qu’ils portent à leur dernière création. A moins qu’il s’agisse d’une procédure d’intimidation pour nous en mettre plein les neurones et nous prouver à quel point la chose fraîchement acquise a été conçue par des gens vachement plus intelligents que nous.
Face à autant d’incompréhension mutuelle, comment donc prendre le recul nécessaire à la mise au point d’un opus clair et limpide, sorte de bréviaire accessible au premier idiot moyen ? Il est temps de développer un nouveau métier : celui de candidographe. Ce travailleur du texte est en effet amené à « traduire », en candide total, les guides d’utilisation rendus incompréhensibles par je ne sais quel zèle technico-pédant. Au début de son travail, le candidographe reçoit le mode d’emploi des mains de l’ingénieur et s’entretient avec lui quelque temps. Il pose aussitôt les bonnes questions que se posera le consommateur lambda et va ainsi pouvoir partir des besoins de l’utilisateur final. Pour entretenir innocence et humilité, les candidographes travaillent obligatoirement en binôme : l’un relit toujours en candide le mode d’emploi rédigé par l’autre…. et c’est le test ultime ! Décidément, notre candidographe est le passeur technique des temps modernes. Merci à Voltaire et vive le progrès mieux compris par tous.