Moi j’aime bien quand le cynisme fait la courte échelle à la lucidité. Les petites phrases qui cachent le manque d’idées, les clivages qui empêchent de réfléchir, les idéologies dépassées et les recettes qui ne marchent plus… on en a marre. Mais cette « une » nous suggère peut-être quelque chose d’essentiel sur notre précieuse démocratie : toutes les promesses que l’on vous fera pendant cette campagne n’engageront que vous. Ce qui est vrai dans le joyeux contexte du lundi, est déjà faux une fois qu’on s’enfonce dans la mouise noire du jeudi… alors imaginez sur une échelle de 5 ans !
Mensonges par compromission, petits arrangements avec la vérité ou hallucination collective ? De toute façon, chacun voit le monde différemment selon le type de lunettes avec lequel il le regarde à longueur d’années. Et les lunettes, on ne les remarque plus lorsqu’on regarde à travers.
Je me demandais donc si les psychanalystes s’intéressaient à la façon dont leurs clients votent… parce que forcément, nous ne votons pas avec notre carte d’électeur, mais avec notre système de valeurs. Vous recherchez l’autorité du père, la justice et l’ordre ? Vous ne voterez pas comme la personne qui rêve avant tout de la protection et de l’assistance d’une maman qui a toujours plein de bonbons dans ses poches. Vous faites partie de ceux qui croient que l’homme est foncièrement bon et ne demande qu’à entraider son prochain ou à léchouiller la main qui le nourrit ? Vous ne voterez pas comme celui qui affirme que rien ne vaut la liberté et le mérite dans ce monde où l’homme sera toujours un loup pour l’homme.
Quelle que soit la couleur de nos lunettes, c’est quand même le moment de cogiter sur « où on va ? ». Pour cela, je vote déjà pour 3 livres qui m’ont fait forte impression. Si le coeur vous en dit, je vous en souhaite une bien bonne lecture !
• Hervé Kempf : « L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie » (Seuil)
>oui, on peut voter et se faire quand même confisquer le pouvoir républicain : vive la lucidité de cet économiste/écologiste/ journaliste (le Monde)
• Edgar Morin «La Voie » (Fayard)
>un livre brillant à la croisée des chemins de notre civilisation : attention si vous avez le vertige !
• François de Closets « L’échéance » (Fayard)
>Querelles de chiffres entre candidats ? L’économiste qu’on ne présente plus passe au crible la note de frais qu’on nous présente : parfaitement anti-idéologique et édifiant sur plusieurs décennies de gestion pitoyable.