Sur le côté droit, vous vous êtes senti mieux mais ça n’a pas duré longtemps. Sur le côté gauche, vous avez cru aux promesses de la nouveauté… mais vous avez vite déchanté. Il n’est pas ici question de la manie électorale de l’alternance, même si cela se passe dans l’isoloir de votre lit. Non, le poêlitage affectionne les heures creuses entre 2 h et 4 h du matin, en pleine insomnie. Le p’tit vélo dans la tête commence à partir en roue libre et votre corps n’est plus qu’un sac de sable bien encombrant qui ne trouve pas la paix. Vous rêvez de cette impression de lourdeur vertigineuse qui annonce l’abandon total dans les bras de Morphée… mais rien à faire. Votre nuit est gâchée par ce réveil incompréhensible et vous voilà parti pour poêliter un bon moment. Poêliter consiste en une hallucination nocturne à répétition : croire qu’en changeant de côté, le sommeil sera de retour. Vous venez de changer de côté, plein d’espoir, mais la déception se pointe au rendez-vous au bout de quelques minutes : des minutes qui ressemblent à des heures de faction inutile devant un abri de jardin où il n’y a rien à voler. Poêlé avec précaution comme des pommes de terre sarladaises, votre corps se languit d’être dévoré par l’ogre du sommeil. Vous pouvez poêliter ainsi longtemps, avant que l’ultime lâcher prise ne vienne vous cueillir au moment où vous vous y attendez le moins. C’est la grande leçon du sommeil : sans cet abandon total au grand rien qui vous engloutit, rien ne sert de s’efforcer. L’ironie de l’histoire, c’est qu’au réveil, vous ne vous souviendrez même plus du gagnant : côté gauche ou côté droit ? Le sommeil est décidément une grande leçon d’humilité.
Un mal de notre époque. La quantité de gens qui souffrent de Poêlite a doublé ces cinq dernières années en France (source : Association France Poêlite)
Merci pour ces précisions statistiques. On note d’ailleurs une recrudescence de poêlite pendant la chandeleur.