Illustration originale de Alex Formika – Tous droits réservés
On porte tous des lunettes. Pas seulement les myopes de naissance, les astigmates ténébreux, les hypermétropes qui prennent le bus ou les presbytes pas si pénibles. Je porte, il porte, vous portez des lunettes invisibles, pour voir le monde tel que vous souhaitez qu’il soit. On pourrait appeler ça un prisme. Il concentre vos certitudes, vos peurs, vos expériences, vos postures préférées et vos marottes. Ces drôles de verres correcteurs sont essentiels, car la vie et le monde dans lequel vous vivez n’est rien d’autre que ce que vous pensez qu’il est. Vous ne pouvez pas être partout à la fois pour voir ce monde affligeant ou merveilleux dans sa divine globalité… alors vous êtes là à un instant T et vous ne faites que trier et interpréter ce qui vient jusqu’à vous, événements ou informations, visions ou sentiments.
Nul besoin d’aller chez l’ophtalmologiste pour faire contrôler régulièrement votre correction : votre prisme se modifie au fil des jours sans que vous vous en rendiez compte. Vous passez du rose au noir, du vert au bleu et vous pensez souvent que c’est plutôt la couleur du monde qui a changé.
Pas facile en effet de choisir en pleine conscience la couleur de vos verres de lunettes. Noirs ? Voilà qui protège bien des rayons négatifs, mais rend sacrément fataliste. Extra-transparents et un peu déshabilleurs ? Cela risque de vous fâcher bien vite avec la lucidité. Roses ? C’est un peu trop lénifiant et ça ne vous donnera pas envie de changer un monde où tout va toujours pour le mieux. En tout cas, oubliez les lunettes 3D : vous êtes déjà dans la vraie vie. Demandez plutôt conseil à un psy-opticien. Il vous fera sûrement un prix et votre mutuelle n’y verra que du feu.
Avec les monocles, est-ce que ça marche à moitié ? Et si on prend des lunettes vairons, ça donne quoi ? En tout cas, BIEN VU à vous deux, Mister Clod et Miss Hemmapil !
Oui, c’est une sacrée concurrence pour les prochaines lunettes Google ce truc. On a été contactés par Face de Boucq d’ailleurs….