
J’étais en train de lire sur ma liseuse Cybook (si, si Cybook… et pas Ki Ki Kindle). Donc j’étais en train de lire avec des yeux en mode « batterie faible » et j’ai piqué du nez (sans laisser choir sur le sol dur la précieuse liseuse, on n’est pas des sauvages…)… et là, dans les bras de SuperMorphée, je me retrouve à la Fnac dans un futur proche. Mais ça ne ressemble pas à la Fnac. La vieille dame agitatrice a finalement renoncé à vendre du petit électroménager. Une fois de plus, trop de concurrence pour les machines à café, dans le e-commerce comme dans les enseignes « physiques ». Non, ils ont finalement eu un flash. La Fnac est devenue un lieu de vie autour des loisirs culturels : le Forum des Nouvelles Affinités Culturelles. Dans chaque Fnac, il y a, plusieurs fois par semaine, un concert gratuit dans le « magasin », avec des pépites locales ou des têtes d’affiches. Les clients peuvent rencontrer les musiciens et télécharger sur place leur album, directement sur leur smartphone-wallet ou leurs tablettes synchronisées*. A l’autre bout, c’est l’heure du forum de lecture : on s’inscrit pour venir présenter son livre adoré du moment… aux côtés de l’écrivain invité, venu lui aussi pour présenter son dernier bébé. Tout est retransmis en direct sur le réseau vidéo de la Fnac… Oui, car la Fnac est devenu un bar à culture : des petites tables rondes où on peut s’installer entre amis ou s’en faire de nouveaux, avec des écrans de découverte où l’on peut télécharger MP3, livres ou films… On peut aussi y regarder en direct l’un des 52 concerts qui ont lieu dans les autres Fnac de France… ou suivre les forums de lecture en direct, toujours sur ce fameux intranet Fnac, qui n’est visible que sur place. Comme les livres de cuisine ont toujours autant de succès, il y a toujours de bonnes odeurs : un des espaces a été transformé en atelier de cuisine. Tous les apprentis-cuisiniers repartent avec 1 ou 2 livres et sa part de canard aux olives préparée sur place avec ses petits doigts boudinés. Les parents aussi adorent venir ici, car à l’entrée il n’y a pas une piscine de balles en plastique mais une halte-médiathèque pour ces bichounets, avec des animatrices trop trop imaginatives.
Oui, la Fnac a eu un flash, car si les théâtres sont encore pleins, si les cinémas ne se sont pas vidés malgré la VOD… ça tient à la force de « l’expérientiel » : le live, la rencontre, l’échange et la saveur irremplaçable d’une sortie ludique avec lesquels aucun site de vente en ligne ne pourra rivaliser. L’internet a simplifié le shopping. La vraie vie n’a plus qu’à revenir dans la boutique, constamment en 3D réalité garantie, source constante de nouveautés, de sérendipité et de surprises en tous genres, entre vrais gens. Mais je me suis réveillée… et j’ai téléchargé un autre bouquin sur Internet.
Et vous, vous le voyez comment votre prochain mégastore de la culture vivante ?
*oui j’applique la règle de proximité pour l’accord en genre…>voir le post « Les accords sont faits pour nous rapprocher »
Lien ajouté le 11 juin 2013 :
Comment Relay va innover dans ses kiosques avec le « bar numérique »…
Ca a l’air sympa ta nouvelle Fnac. Mais en attendant, je vais continuer à aller chez mon petit libraire. Au moins, lui, il sait ce qu’il vend dans ses rayons !
C’est bien pour ça que le modèle actuel de la grande surface culturelle a du plomb dans l’aile : elle n’a ni l’intérêt relationnel du libraire passionné ou spécialisé, ni l’offre et la praticité des sites de vente en ligne…
« On peut aussi y regarder en direct l’un des 52 concerts qui ont lieu dans les autres Fnac de France… ou suivre les forums de lecture en direct, toujours sur ce fameux intranet Fnac, qui n’est visible que sur place. »
Selon moi, ce devrait être diffusé et disponible sur le net, pour que tout le monde du fond de sa campagne puisse à avoir aussi accès.
Et ça ne remplacera pas le goût de l’ « expérientiel », sur place…
Oui, ce qui est sûr c’est que la cohabitation numérique/physique oblige les points de vente à se réinventer. Un article sur cet enjeu et les tâtonnements des uns et des autres : http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/grande-consommation/actu/0202560503390-comment-numerique-et-smartphones-dessinent-le-magasin-du-futur-537320.php
ah oui c’est super beau comme rêve mais juste pour l’info elle existe déjà cette fnac là quasiment… il y a + de 10 000 événements gratuitement organisés chaque année dans les magasins Fnac (dédicaces, showcases, interview, masterclass, expos photos, ateliers enfants…) : http://www.fnac.com/Les-Evenements-Fnac/Evenements/cl31/w-4#bl=chActu et beaucoup d’entre eux sont déjà visibles sur leur site web ou sur leur chaine youtube : http://www.youtube.com/user/fnac?feature=watch Aprés franchement aller en magasin pour télécharger ? quel est l’intérêt de passer par un tiers quelqu’il soit ? surtout si votre smartphone a un store de téléchagement complétement intégré à votre smartphone ou tablette ? c’est voué d’avance à l’échec…
Perso, j’ai toujours eu du mal avec le « à quoi bon », « c’est comme ça » et « ne rêvons pas ». La figure de style du « rêve » est surtout là pour surligner le choix de la grande distrib culturelle : devenir un vrai lieu de culture (et pas seulement un magasin) ou se concentrer sur le e-commerce. Quand vous dites « aller en magasin pour télécharger », c’est révélateur : justement, dans un nouveau schéma, je n’irais pas exprès pour ça, mais il se trouve que je pourrais le faire sur place par impulsion si on m’en donne l’occasion ultra simplement.
oui mais là on parle de survie bassement économique… désolé… il faut bien derriére un rêve le regarder à l’aune d’un business plan sinon cela ne reste qu’à cet état de rêve… venir dans un magasin télécharger par impulsion.. ca marche peut-être dans un magasin hype à Paris… pas dans 100 magasins dans toute la France… en tout cas, la fnac a déjà bien compris cela en faisant ces 10 000 événements culturels chaque année pour créer du trafic et de l’image… aprés il peut y avoir éventuellement des choses à améliorer en visibiltié de ces événements mais clairement ils existent déjà… et à priori cela ne suffit pas à garder à flots l’enseigne…
J’avais bien compris votre premier commentaire et j’avais bien connaissance des showcases et autres événements de l’agenda Fnac lorsque j’ai écrit ce post. Cela ne rythme pas le quotidien de chaque magasin même si cela doit forcément créer du trafic. Ce n’est donc pas ce que j’appelle une transformation en « lieu de vie culturel » telle que je l’imaginais (une question de dosage et de posture). Le vrai problème, c’est que tous les lieux de vente sont obligés de se réinventer face au numérique. Moi j’ai envie qu’il y ait encore des lieux de consommation culturelle dans les agglomérations et je suis plutôt contre le futur monopole d’Amazon et son dumping fiscal. Mais j’ai oublié de vous demander, comment vous verriez les choses, vous, en dehors du « ça ne marchera pas… faudrait peut-être redescendre sur terre au niveau du business plan »…
Je pense qu’ils prennent plutôt la bonne direction en soit, aprés c’est une question de timing et de rapidité d’execution… et de suivi des clients sur cette nouvelle stratégie.. comme le français est râleur et n’aime pas le changement c’est tjrs un peu chaud.. et évidemment de ce que remonte la presse sur la pression syndicale en vigueur chez eux rend le changement assez complexe.. aprés, si je reprends leur stratégie affichée :
– Ouvrir plein de mag partout via la franchise mais sur des surfaces bcp plus réduites qu’auparavant : bonne pub pour la pénétration de leur site web mais services à amplifier type relais colis etc… permet en outre de montrer les produits les + chers nécessitant conseils/démo et enlever les produits pas cher qui de toute façon seront attaqués par les pureplayers webs… Par contre cela impliquera forcément qu’ils se posent la question de leur immense magasin à la rentabilité incertaines..; il faut qu’ils gardent tout de même qques flagships…
– Prix : alléger leur structure de coût c’est obligatoire si ils veulent survivre, cela rejoint d’ailleurs le point de leurs surfaces trés coûteuses à exploiter actuellement (grandes en centre ville)… cela leur permettra d’être + compétitifs sur leur prix.. en même temps d’ailleurs je trouve souvent exagéré les commentaires sur leurs tarifs car sur pleins de produits qd on regarde vraiment ils arrivent à avoir des bonnes promos…
– Intégrer de nouvelles catégories de produits non dématérisalisables ou à la pénétration achat web faible : bonne idée sur le papier, à gérer raccord à leur image.. cafetiéres et jouets ma foi qd on creuse pas une si mauvaise idée.. mais cela sera un challenge de tous les jours et qu’ils se posent la question sans arrêt… (d’ailleurs ils faisent déjà cela les années auparavant… la fnac faisait du matos de sport dans les années 80 et faisait même de l’éléctroménager à ses débuts qu’elle a arreté pour faire entrer… le livre !… comme quoi ils ne sont pas à leur 1ére adaptation..)
– Continuer leur événements culturels et les rendre + visibles : sur ca on est d’accord… c’est ce qui rend ces magasins différents des autres…
Aprés leur enjeu principal c’est la conduite du changement interne je pense… concernant le comportement de leurs vendeurs… cela fait des années que les remontées sont mauvaises (cf le sketch des inconnus dans les années 90…) Il leur faut trouver le juste dosage entre conseils de passionnés pointus mais avec des compétences de vendeur sinon ca marche pas… ca donne des frustrés ou des vendeurs acharnés qui ne connaissent pas les produits et ne conseillent pas… comme en ce moment malheureusement….
Bref pas de solutions miracles mais une juste adaptation à leurs marchés et aux nouvelles envies consommateurs…
Merci pour cet état des lieux stratégique détaillé. Si j’osais, je me demanderais si vous ne travaillez pas…à la Fnac 😉 Bonne journée.
Même pas… mais grand fana de l’enseigne et desesperé de voir Amazon leur tailler le business… leur plans stratégiques a été dévoilé dans de nombreux articles de presse : http://www.actualitte.com/economie/fnac-2015-des-resultats-encourageants-selon-alexandre-bompard-35093.htm et du coup je suis leurs actions…
Ce que vous décrivez, c’est un projet sur lequel je travaille depuis des années. Mais il faut des moyens ! Tout ce que vous abordez, je le communique sur mon blog : http://lalibrairieestmortevivela.blogspot.fr/
Je suis toujours étonné de lire les quelques personnes qui supportent les libraires de quartier… Curieux donc, qu’ils aient de moins en moins de clients ! A moins, comme souvent, que ces défenseurs aient également un compte chez Amazon…
Je suis sévère, mais c’est l’expérience qui parle…
Ce métier a besoin de changement… radical !
Bravo pour votre… rêve ! 😉
Merci Vincent. Votre commentaire m’a en plus permis de découvrir votre blog (flux RSS dans mon agrégateur !). Vous soulignez dans votre commentaire quelque chose qui me tient à coeur : il va bien falloir que le consommateur comprenne que sa carte bancaire est un bulletin de vote permanent au sens politique le plus noble du terme… et que les achats sont des gouttes d’eau qui se transforment en choix de société. Nous avons en centre ville une grande librairie qui organise des rencontres-débats toutes les semaines avec des auteurs et autres animations : en tant que lectrice, je trouve ça essentiel et j’achète tous mes livres-papiers chez eux parce que je veux les soutenir ! Depuis que j’ai une liseuse que j’emporte dans le train (6 h par semaine au moins), j’achète des ebooks (pas chez Amazon…pour des raisons tout aussi citoyennes) mais je continue toujours à acheter des livres-papiers. C’est peut-être typique des lecteurs assidus qui de toute façon auront du mal à déserter les « vraies librairies ». Mais pour le reste du public ? J’ai bien peur qu’entre le libraire passionné qui fidélise son public par du relationnel et le site de e-commerce, il n’y ait pas beaucoup de place (d’où les problèmes des grandes enseignes…).
Ce qu’il faut comprendre c’est qu’il y a de la fidélisation sur le web, autant qu’en magasin. Elle est bien sûr différente. Le challenge est de répondre aux clients sur l’expérience d’achat en magasin qui demande de l’implication et le côté fonctionnel d’un site marchand… Cela dit, il y a de nombreuses tentatives pour rendre le web plus convivial, par le transmédia par exemple…