Illustration originale de Alex Formika– Tous droits réservés
Quand on n’a pas envie, on n’a pas envie… et pourtant, parfois on fait un peu semblant. Oui, car on a beau faire, on a beau dire : la sincérité permanente et absolue peut vite faire le vide dans notre carnet d’adresses. Avouons-le : le mensonge par omission ou le compliment poli sont même les accessoires bienveillants d’une vie en communauté quelque peu sereine. Est-ce pour autant pure hypocrisie ? Les grands mots de la bonne conscience sont lâchés…
Pourquoi les gens qui disent constamment leurs quatre vérités aux autres sont-ils si infréquentables… alors qu’ils sont au service de SupeeerrrrVérité ? Pourquoi un tel attachement de tous aux grandes déclarations aussi rapides qu’exagérées, aux compliments intéressés… ou au miel des promesses électorales ? Nous nous regardons dans les autres comme dans le miroir de la vilaine belle-mère de Blanche-Neige : si tu ne me dis pas ce que j’ai envie d’entendre, je t’adresse mon dédain ou je t’envoie fissa ma brosse à cheveux sur l’arcade sourcilleuse.
Quoi que nous en disions avec aplomb, nous ne sommes peut-être pas si attachés que cela à cette SupeeerrrrVérité qui doit sauver le monde… en tout cas, dans nos relations quotidiennes. Nous optons aussi en silence pour une souterraine négociation entre vérité crue et enrobage de synthèse.
Quand on n’en a pas envie, se forcer à sourire n’est peut-être pas forcément le début de l’hypocrisie. Le sourire, c’est surtout de l’écologie relationnelle. Un véritable écosystème vertueux parce qu’il fait souvent autant de bien à celui qui le fait qu’à celui qui le reçoit. Même au bord du gouffre, sourions donc envers et contre… tous les grincheux.