On ne peut que surfer…

« Retenez-moi ou j’irai ailleurs… » : c’est le cri du client volage qu’il faut absolument fidéliser au risque de le voir se dévergonder chez un concurrent. Alors, on lui propose une belle carte de fidélité, un peu comme une bague au doigt et on fait un peu d’hypnose, avec le Te Deum de Charpentier en fond sonore.

C’est effectivement à sa carte de fidélité que se raccroche la Fnac… comme sur un polder quand la mer monte. Belle enseigne agitatrice depuis 1954…, la voici qui mise tout sur la carte du parti. Je fais bien sûr référence aux affiches de sa dernière campagne, que vous avez pu voir fleurir avec cette signature en bas : « Fnac. On ne peut qu’adhérer ».

Qu’est-ce qu’elle me dit cette phrase ?

Elle me dit qu’il n’y a qu’un choix possible : « adhérer », c’est un verbe lourd de sens qui veut dire à la fois « signer là et être définitivement d’accord ». Un seul choix possible dans ce monde où pourtant tout est librement à portée de clic ? Elle me dit qu’il n’y a même pas à réfléchir parce que c’est « on » qui l’a dit… et que tout autre choix serait absurde. Elle me dit aussi que si je vais à la Fnac sans être adhérent, c’est que je suis vraiment une cruche à roulettes… ah oui ?

Personnellement, j’ai du mal à adhérer à cette signature de marque, car je la trouve assez décalée par rapport à la vague socio-culturelle qui se lève depuis maintenant un moment et qui va de toute façon dans l’autre sens : zapper, chercher, « réseauter », comparer, être sur la brèche, chercher le bon plan… Et pourquoi une telle bougeotte, me direz-vous ? Parce que dans ce monde consumériste où tout va toujours plus vite, rien ne se fige, rien ne dure, tout change en permanence. Nier cette évidence et vouloir retenir le monde d’hier ne ressemble-t-il pas à de l’auto-persuasion un peu vaine ?

Si j’avais vraiment envie d’adhérer comme ça, sans avoir la liberté de mes mouvements, je me serais réincarnée… en pneu !

Ce qui est sûr, c’est que cette promesse de fil à la patte est en contradiction totale avec le livre visionnaire de Joël de Rosnay que je suis en train de dévorer : « Surfer la vie –Comment sur-vivre dans la société fluide ». Et ça a autrement du souffle…


Et vous, vous adhérez en attendant que ça se passe ou vous surfez pour vous adapter ?

>Avant de donner votre réponse, vous pouvez aller relire un ancien article du blog : « J’ai refait la Fnac » (non ce n’est pas de l’acharnement, malgré les apparences…)

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4 réflexions sur “On ne peut que surfer…

  1. Engagez-vous qu’ils disaient ! Bien vu Hemmapil. En même temps, tu ne dis rien sur la présence de sieur Branson sur l’affiche !? Je m’interroge encore sur le sens de cette affiche vu que Richard à vendu ses Virgin Megastore à Lagardère depuis un bail ; )

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