Diantre, il y a encore des mariages hétérosexuels. Celui auquel nous fûmes invités dernièrement m’a amenée sur les chemins de ce billet d’humeur, comme on mène la mariée à l’autel. Robe magique, soleil follement généreux et chapeaux chics : tout s’est malheureusement passé comme prévu… Sous les voûtes solennelles de l’église, les mariés ont découvert, à travers le prêche, qu’ils étaient surtout là pour peupler ce monde, déjà un peu encombré, de chrétiens supplémentaires destinés à porter la bonne parole à travers les venelles, les rues et les allées de supermarchés. Il a aussi été question de promesses scellées à jamais devant le tout-puissant, de serments dont il faudra se souvenir dès la première scène de ménage. Je me suis dit, en soulignant un anachronisme : « A quoi bon accroître artificiellement le poids d’un engagement qu’il est de toute façon si facile aujourd’hui de remettre en question devant le juge, marié devant Dieu ou pas ? » Moi, je verrais plutôt une bénédiction dans l’esprit du préambule de « Mission Impossible » : « Elvire, votre mission, si vous l’acceptez, est de relever le défi qui consiste à aimer la même personne pendant des décennies et à éloigner le désamour chaque jour… » Oui, car dire OUI c’est un défi absolu, une brèche dans la muraille de l’individualisme et de la course au plaisir instantané. Dire OUI, c’est mettre la barre très haut et tenir la mèche allumée pendant 50 ans au bas mot… pour empêcher justement que la bombe explose. Dire OUI, c’est prendre le pouvoir sur ses sentiments pour les transformer en quelque chose de plus balaise encore.
Mais voilà, on ne prépare personne à cet anti-conte de fée qu’est le mariage… puisque tout commence là où s’arrêtent tous les contes. La route est longue, les envies divergent et les embûches abondent… mais on préfère se contenter du romantisme de pacotille qui fait une belle équipe avec la démagogie. Pourtant, en politique comme en amour, les bons sentiments ne suffisent pas et l’idéologie fait plus de dégâts que le pragmatisme. En politique comme en amour, la démagogie vous fait prendre les serments pour des preuves d’amour… alors forcément il y a toujours des déçus.
C’est vrai que ça met la pression quand on y pense. Comme si on avait besoin de ça. Un peu comme si on s’engageait devant tout le monde (en signant des papiers et tout le toutim) de réussir sa vie ! On fait ce qu’on peut avec ce qu’on a, voilà tout.
Je ne sais pas si on s’engage à réussir sa vie… mais il faut éviter de s’engager à rester la même personne toute sa vie comme dans un conte de fée. Puisqu’on va forcément changer et l’autre aussi 😉