Ici gît l’épitaphe de l’homo-numericus…

Chers amis mortels, je ne peux patienter jusqu’à la Toussaint pour vous entretenir de ma petite découverte danoise. Comme le disait Shakespeare : « Nous sommes faits de la même matière que les rêves. » Un jour ou l’autre, pffff… Et justement, nous aimerions tous laisser autre chose qu’une pierre tombale laconique et 13 456 photos coincées dans un disque dur d’ordinateur inutilisable. Heureusement, les scandinaves qui ont toujours eu un gros moral, ont innové au cimetière danois de Roskilde… Devant le mutisme constant des pensionnaires de l’éternité, le cimetière danois de Roskilde propose de placer à côté de la tombe un petit socle comportant un flashcode en céramique. Le membre de la famille ou le simple promeneur flashe le symbole avec son smartphone et il accède aussitôt sur Internet à la nécrologie digitale du défunt : photos, textes, extraits audio, vidéos…, tout ce qu’il faut pour honorer la mémoire de la personne et empêcher que sa vie tombe dans l’oubli comme une pièce dans un puits. Voilà qui va sûrement augmenter le trafic vers ces lieux trop souvent bien déserts. Cela me fait un peu penser à ce que l’on commence à trouver sur certains sites touristiques : des panneaux avec le fameux flashcode pour accéder à de plus amples explications sur la construction de la cathédrale ou visionner une vidéo de la bataille qui eut lieu à cet endroit précis (avec du vrai sang ?). Avec le flashcode tombal, chaque vie peut à son tour devenir un morceau de patrimoine… car bon sang, il n’y a pas que les vieilles pierres dans la vie. Il y a aussi la puissance de l’ego. Il y a juste un dommage collatéral : pourra-t-on encore dire longtemps : « Sur ce point, il a été muet comme une tombe… » ?

En supplément gratuit, je vous rappelle que les usagers de Facebook peuvent pré-rédiger leur message post-mortem (textes ou vidéos) qui sera diffusé après leur mort à l’ensemble de leurs amis par trois contacts de confiance. Il s’agit de l’application « If I die ». Vous l’aurez compris : on n’est jamais assez prévoyant en ce qui concerne son e-réputation posthume…

Ne m’en veuillez pas pour ce billet couleur chrysanthème avant l’heure. J’espère vous aider à sourire de ce qui engendre d’habitude un peu trop de mélancolie. Dites-moi plutôt ce que vous évoquent ces innovations au service de la postérité ?

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3 réflexions sur “Ici gît l’épitaphe de l’homo-numericus…

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