Par bonheur, j’ai croisé la nouvelle campagne pour la marque de prêt-à-porter Morgan. En découvrant le nouveau slogan, j’ai bien compris que les mannequins qui font la tête pour se donner un genre sont définitivement priés d’aller se faire rhabiller… C’est totalement dépassé et en plus, c’est désormais anti-civique. Bientôt les grincheux se feront lâchement dénoncer à la Police du Sourire. Le bonheur est devenu un devoir et vous n’y couperez pas. Plus le ciel mondial se charge de nuages menaçants, plus le positivisme est de rigueur (encore un oxymore ?) jusque dans les replis de la mode. Comme ce n’est franchement pas l’euphorie, il va falloir y mettre du vôtre les filles. Allez soyez chics : soyez joyeusement heureuses pour que ça décore les rues et qu’on n’y voit que du feu. La tâche vous semble illusoire ?
Il faut en effet avouer que dans la boule de cristal pour 2013, on n’a pas que du sucre rose. On rit jaune du succès inattendu de la pièce « En attendant la croissance », parodie de la pièce de Beckett pour signifier aux hommes politiques qu’il serait temps de changer de rengaine et de logiciel. La Chine éclate sa bulle immobilière et part en guerre contre le Japon pour faire diversion. Plus personne ne veut prêter de l’argent aux Etats-Unis, tombée de la falaise de la dette . Les émeutes grecques ont gagné l’Italie, l’Espagne… et remontent vers le nord, comme une traînée d’huile d’olive. Et bizarrement, aucun vaccin anti-grippe sociale n’est proposé par les laboratoires pharmaceutiques. Que faire alors ? Comme l’aurait dit Sully Prudhomme « Nous sommes au bord du gouffre, avançons donc avec résolution. » Et si possible, munis d’une carte bancaire. Si les dressings sont pleins mais les portefeuilles vides, si le bonheur de consommer semble nous échapper à grande échelle… alors quelle est la jupe qui nous redonnera le moral, ma chère Simone ? On a les questions qu’on mérite. Mais dans l’adversité, restons chics… car c’est toujours la posture qui compte, mes chéries.
Entre deux séances de shopping désespéré, on peut relire avec bonheur :
Pascal Bruckner : « L’euphorie perpétuelle »
Et je vous conseille la très bonne série en deux tomes de Tronchet « Houppeland » sur le cauchemar que serait de fêter Noël tous les jours ou sur la dictature du « tout va bien » perpétuel !
You know what ? I’m Happy…
Bien résumé… Il peut y avoir un Droopy en chacun de nous !