L’amour est-il has been ?

l'amour est-il has beenOn se rencontre le lundi sur Meetic ; on rompt le dimanche sur Facebook… Tout est facile, aussi aisé que décevant. Après avoir rempli les contes de fée, l’amour se brade-t-il à bon compte ? Le philosophe Yann Dall’Aglio fait le point sur un nouvel ordre amoureux qui livre nos égos et nos cœurs d’artichauts à une compétition narcissique dévastatrice…

Son analyse ne se lit pas comme un roman à l’eau de rose, mais donne envie de réinventer la fin des contes de fée. Pour lui, « nous vivons avec l’image ancienne de l’amour, sans vivre cet amour. Avec sa nostalgie, faute de sa réalité. Et nous en crevons. Lentement. » D’un côté, il y a le romantisme absolu façon Titanic… et de l’autre le désespoir de l’irréductible solitude façon Michel Houellebecq chez qui les individus ne font que se croiser.

Que s’est-il passé ? Pour commencer, quatre types d’amour en ont sérieusement pris un coup dans l’aile… D’abord, l’amour filial s’est fait la malle : non seulement la transmission transgénérationnelle est devenue un non-sens dans un monde qui change à toute vitesse, mais en plus l’enfant-roi ne doit plus la vie à ses géniteurs… désormais c’est plutôt eux qui lui doivent tout. L’amour platonique est définitivement hors circuit  puisque l’attraction physique est l’instrument d’un véritable eugénisme darwinien encouragé par la dictature de l’image. L’amour mystique a été relégué en coulisses par le cartésianisme moderne. Et enfin, l’amour romantique dont les 3 piliers absolus sont la perte, l’obstacle et l’imprévu supporte toujours aussi mal les défis du quotidien. Pourtant, depuis que le mariage d’amour, son ami le divorce et sa copine la pilule sont advenus, la route semblait enfin dégagée pour le bonheur amoureux sans contrainte. Résultat : près d’un mariage sur deux se termine par un divorce avec une durée moyenne d’union de quatre ans. Pour l’auteur, nous sommes surtout victimes d’une extension de l’économie de marché au domaine amoureux. Nos couples sont soumis à un audit de performance permanent où l’autre doit satisfaire à des exigences compétitives. Turn-over du personnel, calcul du potentiel érotique, offre pléthorique disponible en ligne, management de la sexualité, obsolescence programmée réciproque… tout y est pour faire de nos corps et de nos âmes des produits de consommation jetables. Hors, comme le rappelle l’auteur à travers une citation de Cesare Pavese : « Tu seras aimé, le jour où tu pourras montrer ta faiblesse sans que l’autre s’en serve pour affirmer sa force. » Rien à voir avec le CAC 40 du sex-appeal. Réinventer l’amour en ces temps d’incertitude, c’est lui adjoindre la confiance et la tendresse qui réunit deux êtres faibles, inutiles et perclus de défauts dans un univers décidément absurde. De quoi peupler une vraie intimité, d’une bienveillance plus chargée d’humour que de clichés romantiques. Mettre en commun notre nullité fondamentale pour mieux savourer l’incongruité d’exister. Voilà un édifiant diagnostic et un humble philtre d’amour dans un drôle de livre qui nous donne envie d’échapper à la passivité libido-sentimentale pour redevenir acteur de l’Amour…

Un compagnon idéal pour ce billet : La démagogie nuptiale a encore frappé

A visionner seul ou à deux : les 11 mn de l’auteur, devant le public d’une session TEDx « Comment sauver l’amour ? » 


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Une réflexion sur “L’amour est-il has been ?

  1. Merci, très touché par ce post. Pur produit génération X, je fais partie des dinosaures : près de 22 ans de couple avec la même personne. Je ne ferai pas le malin, ni ne donnerai de recette. Complètement d’accord avec tout ce qui est dit ici en tout cas. Aujourd’hui, comme dirait Omer Simpson, ce qui compte c’est MP ! Mon Plaisir à moi… Alors qu’il faut donner, soutenir, pardonner… Avant les X, les boomers réparaient plutôt que de jeter. Ca marche aussi pour les affaires du coeur. Et sinon, petite précision, il existe un bon romantisme qui permet aussi de survivre à ce « temps qui ronge l’amour comme l’acide  » (Gainsbourg). Rester dans le respect de l’autre et de soi-même, rester prévenant, classe… Parce que comme le dis aussi la chanson si  » tu t’laisse aller », c’est foutu. Ah oui, j’oubliais : nous ne sommes pas mariés…

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