Chers concitoyens (quel drôle de mot tout de même…), les pouvoirs publics réfléchissent sérieusement à l’organisation d’un immense CLIGNOTHON. Un grand élan de générosité national permettrait en effet de soutenir la recherche scientifique pour trouver une méthode thérapeutique efficace contre l’anticlignotose. Expliquons-nous rapidement sur cette affection… On a pu observer ces dernières années que de nombreux automobilistes équipés d’un permis de conduire omettaient d’utiliser le fameux clignotant. Les différentes recherches effectuées au plus haut niveau ont depuis permis d’identifier cette dégénérescence neuronale appelée anticlignotose : les zones du cerveau endommagées provoquent une paralysie du membre supérieur gauche rien qu’à l’idée de se servir du clignotant. Les patients les plus gravement atteints se voient dans l’obligation de demander à leur garagiste de neutraliser cette fonction sur leur véhicule… de peur d’avoir des attaques paralysantes en plein trajet.

Pourtant, il est du devoir de la sécurité routière de rappeler l’importance de cet équipement. Le clignotant est un détail pour vous, mais pour nous tous, cela veut dire beaucoup. Il faut en effet rappeler son usage hautement social : je déclenche mon clignotant pour avertir mes congénères que je vais changer de direction. Moi je le sais déjà, mais le fait de l’annoncer suffisamment tôt est une information essentielle pour celui qui me suit ou me fait face : cela lui permet d’anticiper plus aisément les réactions qu’il doit avoir dans la situation qui convient. Je fais donc un geste de la main gauche sur un levier près du volant, un geste qui certes me demande une énergie incroyable, mais je le fais par respect pour ceux qui m’entourent, pour la fluidité du trafic et les  nerfs de tout le monde…. autant que pour éviter qu’on me rentre inopinément dedans. On est donc là face à de la pure intelligence sociale à double détente : en avertissant chacun, je protège tout le monde, moi y compris. Autre phénomène qui ne vous a sans doute pas échappé : certains conducteurs ont également pris l’habitude de déclencher le clignotant juste avant le virage… Il s’agit indéniablement d’un des premiers symptômes de l’anticlignotose : le futur patient a une telle réticence quant à l’utilisation du clignotant qu’il attend la dernière minute pour faire le geste qui convient… et qui en l’occurrence ne sert donc plus à rien.

Certains psychosociologues qui ont décidé de soutenir l’initiative du grand CLIGNOTHON soulignent, au-delà du simple aspect médical, l’enjeu sociétal du phénomène : le signe d’un balancement exagéré vers l’individualisme de niveau bêta. L’utilisation du clignotant est le symbole de l’intelligence sociale qui fait de chaque conducteur un être responsable avant d’être un type tout seul dans son cercueil roulant. Un symposium réunira prochainement les experts de la question ainsi que les ingénieurs des plus grands groupes automobiles. La technologie pourra-t-elle en effet maintenir à distance l’anticlignotose en attendant que les chercheurs trouvent la voie thérapeutique vraiment adaptée aux sujets atteints et… à la société qui les produit ? Une affaire à suivre de près…mais tout en gardant bien sûr une distance de sécurité.