L’avez-vous au moins remarqué : la mode de la capuche avec bord en fourrure s’est encore maintenue cet hiver. Parkas et doudounes arborent facilement ce couvre-chef très pratique, qui se moque de la bise et qui sait comme nulle autre vous sauver le brushing si un nuage d’hiver se soulage au-dessus de votre tête. Ce qui reste intriguant, c’est l’aspect intergénérationnel du phénomène : sur le parvis cher aux cadres de Paris-La Défense ou à la sortie des collèges, même mot d’ordre : mets ta capuche…à poils. Les déboires internationaux de l’humanité ne doivent pas nous faire passer à côté de questions aussi essentielles que celle-ci : pourquoi un tel engouement pour la capuche façon « explorateur polaire qui a la moustache qui gèle » ? Permettons-nous plusieurs hypothèses…
On peut envisager que l’explorateur polaire apparaisse décidément comme une figure mythique des plus valorisées. Il représente le scientifique passionné au service de la biosphère, capable d’affronter les pires frimas. Il réussit le savant mélange entre aventurier à la condition physique bien trempée et héros de la dernière mission : observer la fonte des glaces sans pouvoir l’empêcher. Une éthique élevée chez un aventurier de l’extrême. Une tête bien remplie de glaciologue dans un corps qui résiste à tout. Du souffle, du cœur, du muscle et de la matière grise.
On peut aussi se dire que ces porteurs de capuche se réfugient inconsciemment dans le déni et font ainsi un pied de nez à tous ceux qui leur répètent que le réchauffement climatique nous met décidément face à nos responsabilités. À cela, ils semblent répondre en cœur : « Quoi ? Quel réchauffement ? Vous voyez bien qu’il y a des congères comme jamais à Chicago et qu’on a toujours nos capuches polaires ! » Une fois de plus, le choix des mots est essentiel : si on avait dès le début parlé de dérèglement climatique au lieu de réchauffement, on en serait à un malentendu de moins. Mais, ça, c’est une autre histoire…
On peut enfin imaginer que le commun des mortels trouve dans cette pièce de vêtement le moyen d’exprimer inconsciemment son besoin de se protéger dans un milieu hostile. Remplacez les ours polaires par la menace du chômage, les brouillards de la banquise par les pertes de repères éthiques et sociaux, la goutte au nez gelée par le trouillomètre à zéro chronique… et vous aurez planté le décor de cette époque de turbulences pessimistes qui donne à certains envie de se protéger coûte que coûte, car « dehors, tu risques d’avoir très froid ».
En attendant vos hypothèses sur ce sujet ô combien essentiel, on peut effectivement souligner que, devant l’impuissance qui peut être la nôtre face aux tempêtes de ce monde en pleine mutation, on serait tenté de se dire qu’il n’y a plus qu’à mettre sa capuche en attendant que ça passe. Mais cela ne suffira pas à nous faire sortir la tête du sable : gare au poil d’autruche…
S’ils lancent l’ours polaire gonflable, on est bon pour une recrudescence de maillot de bains à capuche polaire cet été !
Si l’été est frisquet tendance pluvieuse, ce serait extrêmement pratique.
A noter aussi le retour du poil… de barbe. C’est le grand retour du poil en général. Peut-être un besoin de l’homme d’affirmer à nouveau sa masculinité ! Je ne serais pas étonné d’un retour du poil chez la femme dans quelques temps. On en reparlera. En attendant : à poil, tout le monde à poil !
Le retour du poil… intéressant, intéressant : il faut que je me documente sur ce sujet. Pensez-vous qu’il y ait un rapport avec le le retour du poêle à bois dans bien des chaumières ?
Le retour du poil ? Amusant, à l’heure où une enseigne d’épilation fait le buzz dans la capitale en provoquant ces dames dans leur chasse capillaire la plus intime… et où la BD « Tous à Poil » sert d’argument politique à quelques semaines des municipoiles. Cachés ou exhibés, voilà des petits brins qui font parler !
Merci Cédric. Le poil renvoie sûrement à notre animalité de mammifère et cela réveille des réactions tout à fait épidermiques…
tu as oublié le décryptage freudien du retour à la matrice, le « repartir d’où on vient » hum hum (mais bon, là, mon immense pudeur de catholique bretonne m’empêche d’élaborer sur le sujet)
Merci Véronique… Donc toi tu penches plutôt pour une explication psychanalytique du type nostalgie de l’Origine du Monde façon Courbet… Mais pourquoi pas !;-)
Qui sait, peut-être que la tendance polaire va s’étendre au maillot de bain cet été…
Merci Polina pour cette relance météorologique. Après un hiver trop doux, un été polaire ? Nous verrons bien, nom d’une moufle !
Un vrai régal ce post. Pas mieux sur les hypothèses, la première me semblant la plus évidente. A une époque (lointaine déjà ?), la mode était aux blousons d’aviateurs… Aujourd’hui, place à l’aventure climatique donc, durant la pause entre deux dossiers, avec ou sans cigarette devant l’entrée de l’entreprise-cocon. Bref, sur ce sujet, je ne ferai pas de polémique Victor…
polémique Victor… Joli !
En écrivant ce billet, l’ombre de Paul-Emile planait sur le clavier. Bravo pour cette chute Stéphane…j’adore.
Un petit accessoire en prime : les lunettes de soleil « glacier » souvent associées au 4X4 urbain.
Merci Claudio. On a toute la panoplie là ! Seront-elles détrônées par les Google Glass ? Regard de mouche ou instinct d’agent secret ???