Dans « Pas son genre », le dernier film de Lucas Belvaux, le personnage principal, Clément, professeur de philosophie « parisianocentrique » muté à Arras, rappelle à ses élèves qu’en plus d’être une corvée vouée au bachotage, son cours est surtout l’occasion de découvrir que tout dans la vie peut être sujet à réflexion philosophique. Pour penser par soi-même, coûte que coûte, malgré les poncifs confortables, la dictature des marques de l’adolescence et la paresse bienheureuse. Une nouvelle montre de marque au poignet d’un élève arrogant ? Clément rappelle que c’est l’occasion de ressentir que chaque seconde fauchée par la trotteuse ne reviendra pas… Un échange de vue dans une salle de classe de terminale qui se termine par le couperet cynique de la réplique de l’élève : « Oui ça donne l’heure aussi ! » Aucune chance qu’un tel élève se plonge, avec ou sans montre, dans le livre de Roger-Pol Droit « Si je n’avais plus qu’une heure à vivre ». Et pourtant, on peut s’octroyer cette heure de vérité à tout âge…
Une fois de plus, le philosophe Roger-Pol Droit nous incite à une réflexion profonde à partir d’un jeu anodin, qui ressemble à un défi de fin de soirée entre amis. Avec « 101 expériences de philosophie quotidienne » ou « Dernières nouvelles des choses », il nous a décomplexés en nous prouvant que le quotidien et son ordinaire recelaient de vraies pépites philosophiques. Dans cet opus, il se donne à lui-même un rendez-vous très particulier sous la forme d’un monologue sans ponctuation ou la pensée intérieure cherche l’ultime vérité personnelle. Une heure ce n’est rien, mais cela doit tout concentrer. Que feriez-vous ? Orgie ? Défonce ? Coup de gueule général ou déclaration d’amour à vos proches ? En plus de nous inciter à faire nous aussi cet exercice introspectif avant de nous retrouver au pied du mot FIN, le philosophe nous offre son propre exercice d’humilité à la recherche de l’humanisme essentiel, alors qu’il entrevoit qu’aucun système philosophique général ne peut secourir totalement dans cette dernière heure très égocentrée. Le test ultime pour mieux connaître ce qui compte vraiment pour nous ? Après le « questionnaire de Marcel Proust », l’ « heure à vivre » de Roger-Pol Droit ?
A vos agendas… Le philosophe monte sur les planches en octobre pour l’adaptation de son livre « Dernières nouvelles des choses »… >> en savoir plus
Si je n’avais plus qu’une heure à vivre, je commencerais par transformer l’heure en secondes. Ça paraîtrait déjà plus long ! 3600… 3599… 3598… 3597…
Une pirouette avant de quitter la scène ? Pourquoi pas : c’est alors tout un symbole qu’il convient d’assumer 😉
Une heure à vivre ? Je crois que je ferais d’énormes câlins à mes proches en leur demandant ensuite de me laisser seul. Je souhaiterais alors vivre les trois derniers quart d’heure dans la grande nature, dans le silence, face à la mer ou en montagne, entrer une dernière fois et sans plus tarder dans ce « sentiment océanique », me relier… Partir dans le « paradis blanc » de Michel Berger serein, en pleine conscience du tréfonds, dans la communion… Merci en tout cas pour ce joli post qui donne vraiment envie de lire ce livre. Bonne journée.
Merci Stéphane de cet exercice en direct sur nos ondes. C’est une chance d’avoir déjà fait ce travail qui donne la conscience d’être « relié ». Merci encore pour cette fidélité dans les commentaires : je suis vraiment flattée. Très bonne journée aussi… même sans adjectif !
J’espère bien ne jamais avoir la conscience d’être devant ma dernière heure à vivre… (btw, j’ai vu ce film avec mes ados de filles et elles n’ont pas du tout été impressionnées par la démonstration de Clément le philosophe, vu comme un « intello qui se la pète et qui se fait plaisir en racontant des trucs qu’on ne comprend pas »). C’est pas gagné…
Merci pour cette confirmation : il y a plus de philosophes qui s’ignorent à 12 ans qu’à 18 ! Je me demande si la philo, matière à bacho sortie de nulle part pour une année seulement, n’effraie pas les zados avec des questions vertigineuses, alors qu’ils cherchent plutôt à cet âge des réponses définitives… Oui tu as raison : c’est pas gagné 😉 Quant au film « Pas son genre », on est plutôt dans la « sociologie de l’amour » que dans la philo…et c’est d’ailleurs la coiffeuse Jennyfer qui a le « noble » rôle, romantique, amoureuse… et candide. Tout ce qu’il faut pour attirer l’empathie girly…