Vous êtes fous d’avaler ça !

Estomacs solides, à vos armes !
Estomacs solides, à vos armes !

Vous buvez du thé vert de Chine parce que c’est plein de bons antioxydants ? Vous risquez surtout de siroter des pesticides. Vous adorez le paprika en poudre et vous en mettez même dans les yaourts ? Vous avez pu ingérer sans le savoir des crottes de souris broyées ! Les tomates moisies dans le coulis, vous vous dites que ça se sentirait forcément au goût ? Vous sous-estimez les talents des magiciens de la malbouffe. Vous êtes persuadé que le miel est toujours fabriqué à 100 % par des abeilles ou qu’il y a des vraies fraises dans toutes les confitures de… fraises ? Votre naïveté s’étale au grand jour en même temps que sur la tartine. Heureusement, grâce au livre-choc « Vous êtes fous d’avaler ça ! » de Christophe Brusset, l’ingénieur agroalimentaire dégoûté qui brise la loi du silence, vous allez être déniaisé et édifié ! Matières premières avariées, substituts inavouables mais tellement moins chers, chantages aux déréférencements, embrouille sur les provenances, contrôles sanitaires insuffisants… l’idée majeure, c’est de faire le plus de marge possible sans aucun scrupule pendant que vous achetez les yeux fermés. Heureusement que les pointes d’humour de l’auteur assaisonnent le frichti pour éviter de vomir tout de suite de colère. On nous prendrait donc définitivement pour des c… ?

On a dû sans doute oublier en route que finalement, on n’en a toujours que pour son argent… or, la part de l’alimentation dans le budget moyen n’a cessé de se réduire en proportion (15 % de notre revenu, soit moitié moins que dans les années 50). On a donc aussi accepté de manger mal pour s’offrir plein d’autres trucs qui partent dans les vide-greniers ou les déchetteries.

Face à l’ampleur de l’embrouille, l’auteur de « Vous êtes fous d’avaler ça ! » nous donne quand même quelques conseils pour arrêter de se faire avoir jusqu’au trognon :

-surveiller les origines en privilégiant le local et les aliments entiers identifiés plutôt que les préparations « ni vu ni connu on sait pas trop d’où ça vient »

– fuir à vélo les produits d’origine chinoise, sur lesquels la réalité dépasse carrément la fiction,

-éviter les premiers prix qui subissent la plus grande pression sur les coûts de production et adopter le « moins mais mieux » pour tenir quand même son budget en laisse,

-éviter les poudres, les purées, les panés et les mixés qui dissimulent tellement bien les supercheries destinés à ratatiner les coûts,

-s’intéresser enfin à la liste exacte des ingrédients pour bannir ce qui nous pourrit la santé à petit feu (huiles hydrogénées, colorants, glutamate, sirop de glucose, édulcorants cancérigènes…)

-se méfier des labels qui n’en sont pas : les seuls à peu près correctement contrôlés seraient les labels bio (AB et Ecocert).

Bien sûr, vous pouvez faire comme si de rien n’était et « reprendre une activité normale » afin de grossir les fortunes du lobby pharmaceutique. La proportion d’adultes atteints de diabète de type 2 a, par exemple, déjà plus que doublé sur la planète entre 1980 et 2008 (p. 214) et ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde. Les cas de cancers progressent sans que les pouvoirs publics s’interrogent plus que ça sur la responsabilité réelle de notre alimentation. Une fois de plus, c’est un choix de société et de citoyen… et dans son plaidoyer, Christophe Brusset rappelle que le seul qui peut faire bouger les lignes, c’est le consomm’acteur :

« Votre pire ennemi n’est pas le marketing qui vous ment, ou l’industriel qui fabrique des produits de mauvaise qualité, les supermarchés qui les distribuent ou les pouvoirs publics incapables de protéger les populations des épidémies annoncées d’obésité et de diabète. Votre pire ennemi, c’est vous ! Souvenez-vous des paroles d’Hippocrate et de Linus Pauling : la nourriture doit être votre médecine, pas votre poison. Vous avez un pouvoir plus grand que vous ne l’imaginez. C’est votre argent qui intéresse les industriels et les grandes surfaces, donnez-le à ceux qui font de la qualité et l’on vous proposera davantage de qualité. » (p. 260)

Christophe Brusset nous suggère-t-il finalement que nous façonnons chaque jour le monde de demain avec notre carte bancaire… et, dans certains domaines, bien plus sûrement qu’avec un bulletin de vote tous les cinq ans ? Ça peut drôlement changer nos courses…

REBONDS

>Que font les politiques ? L’interview de Matthias Wolfschmidt, médecin vétérinaire et directeur des affaires économiques de l’organisation Foodwatch, association très active en Allemagne pour la défense des droits des consommateurs et citée dans le livre de Christophe Brusset.

 

 

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