« La Petite Histoire » : anecdotes dans le bon ordre.

La Petite Histoire Didier Chirat LibrioLe saviez-vous ? Il paraît qu’à l’Éducation Nationale, le Dieu Cronos a du mou dans sa flèche. L’enseignement chronologique de l’Histoire serait doucement remplacé par une approche « thématique ». Un inspecteur académique a expliqué à une amie enseignante qu’il ne fallait plus aborder les sujets de façon chronologique, même en Histoire des Arts, car, devinez quoi… la jeune génération n’intègrerait pas cette notion ! Consternation, mon cher Gaston. Colère de mère, mon cher Clotaire. On a dû mettre quelque chose dans les biberons qui leur a bousillé la zone de la chronologie. Donc on se retrouve si j’ai bien compris avec des briques thématiques qui flottent dans le passé… et que les gentils crétins de la génération Z pourront, s’ils ont de la chance, remettre dans l’ordre avec des parents cultivés qui les emmènent au musée ? On va encore dire que je ne fais pas d’effort, alors que c’est pourtant évident. Ils ont du mal avec la chronologie ? On n’a qu’à faire comme s’il n’y en avait plus. Ils ont du mal avec l’orthographe ? Et hop, on dit qu’on s’en fiche… jusqu’à la première lettre de motivation à rédiger pour trouver un job. Quoi encore ? Ils n’arrivent pas à tenir la porte à la personne suivante dans le métro ? Pas grave, on va mettre des portes qui s’ouvrent toutes seules. Ok. Ok. Je me calme. Alors forcément, je dois vous le dire : quand j’ai ouvert le livre de Didier Chirat « LA PETITE HISTOIRE – 20 moments méconnus mais décisifs de l’histoire du monde », j’ai poussé un petit ouf de soulagement. Le premier chapitre qui concerne la défaite de Xerxès 1er, le roi des Perses, est bien placé avant le fantôme d’Ann Boleyn : les chapitres sont classés gentiment… dans le sens de l’Histoire.

Professeur d’histoire-géographie dans les Hauts-de-France (oui, il faut vous mettre à jour un peu côté Régions), Didier Chirat se sert d’anecdotes historiques liées aux grands événements pour passionner ses élèves et les amener à s’intéresser à la grande Histoire. Dans le jargon marketing, on peut dire qu’il fait du story-telling pour augmenter son taux d’engagement*… sans même le savoir, comme un nouveau Monsieur Jourdain. Noble cause s’il en est, car une nation sans mémoire, sans référence collective, sans esprit critique sur le passé qui a fait le présent… risquerait de ressembler à une bande de zombies plongés dans le présentisme digne du Meilleur des Mondes.

De la distance du marathon actuel (42,195 km) qui n’a pas été défini aussi précisément par le parcours du messager Philippidès mort d’épuisement en 490 av. JC (rendez-vous page 13…hihihi) à l’incroyable résistance physique de Raspoutine au cours de son assassinat, en passant par l’origine fessière du « God Save the Queen »… on se régale avec la narration de Didier Chirat ! On a à chaque fois envie d’aller en savoir plus et on se surprend à penser que l’Histoire avec un grand H n’a rien à envier à l’imagination des conteurs d’histoires. Dans un second temps, on reste également assez fasciné par la finesse du fil auquel tient tel ou tel tournant historique. Un concours de circonstance ou un événement isolé peut avoir un impact étonnant… et dans ce cas, comment reconnaître un basculement « fortuit » d’une lame de fond « historique » ? Éternelle question… puisqu’on interprète les événements historiques a posteriori, une fois leur dénouement connu, et en ayant accès à des traces qui ne représentent parfois qu’une partie de la « vérité ».

En tout cas, « La Petit Histoire » est un livre à offrir à toutes les têtes, blondes, brunes ou grisonnantes, équipées ou non de l’option neurologique « Chronologie », actuellement en cours de sabotage. Espérons que l’intelligence des professeurs d’Histoire fait déjà de la résistance…

REBOND :

La drôle d’Histoire des Arts par l’anecdote, c’est le succès de ARTIPS : une anecdote quotidienne que l’on reçoit gratuitement par e-mail. La bonne dose assurément… > par ici

 

*Pour les « non-communicants » : le story-telling est très prisé pour enrichir le discours des marques avec de belles histoires (qui peuvent d’ailleurs être vraies, quand la marque a une origine ou une démarche singulière). Le taux d’engagement est devenu essentiel pour mesurer l’impact du discours des marques sur les réseaux sociaux (capacité du consommateur à rediffuser des vidéos publicitaires ou tout autre contenu viral créé par la marque pour le partage via les réseaux sociaux).

 

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