Le parti pris de Simone Weil avec un W

Simone Weil Note sur la suppression des partis politiques Climats J’ai toujours été un peu gênée par l’esprit de parti. J’ai toujours été affligée par l’œillère du sectaire sûr de son fait et par sa propension à tordre sans vergogne la vérité pour qu’elle aille dans son sens… au lieu de reconnaître que le camp adverse, sur ce point au moins, n’a pas tort. Comme beaucoup peut-être d’entre vous, j’en avais pris… mon parti, sous couvert, que les partis faisaient partie de la vie politique. C’était avant ma rencontre avec ces 45 pages lumineuses de Simone Weil : « Note sur la suppression générale des partis politiques », livre réédité en ce mois de mars chez Climats. Oui, Weil avec un W, car il s’agit de la philosophe qui travailla aussi à la chaîne chez Renault et non de la ministre qui s’est battue pour le droit à l’IVG. Simone Weil nous prévient : «  Presque partout (…) l’opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s’est substituée à  l’opération de la pensée. » Quelqu’un qui porte en 1940 un diagnostic toujours d’actualité en 2017 mérite une saine relecture… Lire la suite « Le parti pris de Simone Weil avec un W »

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Et si la Réalité était une espèce à protéger ?

La Peugeot 3008 vient d’être sacrée « Voiture de l’année 2017», devenant d’ailleurs le premier SUV à recevoir ce prix. Je n’ai pas décidé de vous vanter ses qualités comme un pigiste de la presse auto. Non, je ne vais pas vous embarquer là-dedans. Cette consécration a simplement fait remonter de ma mémoire son spot publicitaire dont le concept avait titillé mes centres d’intérêts du moment. Le mâle du spot est en train de se faire un kif « pilotage extrême » à l’aide d’un masque de réalité virtuelle… quand finalement la réalité vraie reprend ses droits. Tout un symbole de ce qui nous taraude en 2017 ? Replay SVP…

Le slogan nous met donc bien le point sur le i de réalité : « Et si la réalité était la sensation la plus excitante qui soit ? » Un clin d’œil aux futurs véhicules autonomes qui ne se conduiront même plus, laissant sur leur faim les nerveux adeptes du levier de vitesses ? Peut-être… Une ode à l’aventure, la vraie (mais avec les airbags tout de même) ? Faut voir… En tout cas, l’appel de la réalité vraie, ce n’est pas une question pour de rire à l’heure où les technologies de Réalité Virtuelle veulent nous faire vivre des expériences ultimes garanties en sensations fortes, sans les risques qui y sont liés. Survoler New-York tel un oiseau comme au MK2 VR de Paris ou piloter un XWing comme dans StarWars n’offre pas de sensations « fausses », même si ce qui les a provoquées est artificiel. Le sujet est de savoir si le jeu de dupe du virtuel peut faire bouger les lignes quant à notre perception générale de ce qui est « réel », puisque désormais tout ce qui est numérique ou digital fait partie de notre réel. Le problème est de savoir si la pauvre réalité imparfaite pourra supporter la concurrence de l’univers virtuel paramétré selon nos désirs du moment. À force de nous offrir des expériences ultimes et de plus en plus personnalisées, la technologie va-t-elle nous rendre la vraie vie particulièrement terne et décevante ? Ne va-t-on pas aussi vers une scission entre ceux qui préféreront se réfugier dans le « virtuel » et ceux qui, dans le rejet du « faire semblant », revaloriseront ce qui ne se vit qu’une fois, par hasard et sans appuyer sur un bouton ?

Ce n’est peut-être pas une coïncidence si le débat enfle en parallèle autour des fake news, de la novlangue politique chère à Orwell ou de la post-vérité incarnée par Donald Trump. Si la frontière devient de plus en plus poreuse entre ce qui est vrai et ce qui pourrait l’être, la notion même de réalité pourrait perdre son importance… au point de devenir aussi floue et brumeuse que l’atmosphère irrespirable de Shangaï. La liberté d’expression et la rapidité des échanges va même peut-être de pair avec l’extension de notre crédulité, nous les créatures finalement plus « croyantes » que « raisonnantes »… Eh oui, certaines vérités sont changeantes et la réalité fort complexe. Il fut même une époque où l’on croyait que la Terre était plate… parce qu’on n’en avait jamais fait le tour. C’est vous dire si notre crédulité est vaste.

Heureusement, avant de vous replonger dans l’empire du faux avec le Gorafi ou un jeu vidéo, vous avez 5 mn pour découvrir en podcast pourquoi au final la vérité nous importe si peu… Replay SVP.