Au seuil d’un chassé-croisé estival, ça circule et ça échange. Pourquoi pas pour vos livres ? Ils se répartissent en de multiples catégories : ceux que vous relisez, ceux qui vous sont tombés des mains, ceux que vous avez prêtés mais qui ne sont jamais revenus, ceux qui ne quittent pas votre table de chevet, ceux que vous avez promis de lire… Il est temps aussi de désigner les livres-vagabonds à qui vous allez offrir une nouvelle vie en les déposant dans une… boîte à livres.
Que la boîte à livres nous délivre
Depuis quelques mois, j’ai pris une drôle d’habitude. Régulièrement, je passe sur le parvis du musée des Beaux-Arts, non pas pour y abandonner dans la nuit noire un animal de compagnie ou une encombrante machine à laver (vous n’y pensez pas !!!). Non. J’ai rempli un sac de quelques livres que je suis sûre de ne pas relire et je les confie à une des boîtes à livres installées par la municipalité. J’ai d’ailleurs découvert il y a peu qu’on les appelait aussi des micro-bibliothèques, mais je trouve que ça leur va beaucoup moins bien. J’ouvre donc la petite porte de ma boîte à livres et je regarde ce que les autres donateurs ont déposé pour faire éventuellement un échange de bons procédés. Les Annales du Bac de Français 2007 ou un sacré Emmanuel Carrère ? Un vieux polar tout jauni ou un livre de cuisine qui n’a pas servi ? Parfois, je dépose mes deux-trois livres sans rien reprendre : la pêche à la langouste est maigre. Parfois, la grande roulette du livre est avec moi et je trouve même de la philo : la pêche à la lecture a été bonne !
Rien n’est programmé
La boîte à livres, c’est de l’anti-Amazon pur et dur. Pas de recommandations qui veulent vous conforter dans des goûts supposés, pas d’optimisation fiscale qui nous la fait à l’envers. Rien n’est écrit. Tout est à lire. C’est la surprise totale et l’échange pur et simple. Ma boîte à livres, c’est un moment de hasard incongru et décalé, sous la surveillance majestueuse de deux arbres remarquables du square contigu. J’ai souvent une pensée pour les futurs lecteurs ou lectrices des livres que j’ai libérés. Ce rejeton de Bernard Werber… dans quelles mains attentionnées tombera-t-il ? Ce manuel de lecture rapide, de quel futur dévoreur de bouquins va-t-il faire le bonheur ?
J’aime ce geste de faire passer des livres à des inconnu.e.s. Pourquoi les laisser prendre la poussière alors qu’ils peuvent encore se dégourdir les pages ? Le grand cycle du plaisir de lire est décidément vertueux. Si vous disposez dans votre quartier d’une de ces boîtes poétiques, ouvrez la cage aux oiseaux du bonheur que sont nos chers livres.