Quand la parole détruit

Voici une chronique/critique du livre de Monique Atlan, journaliste, et Roger-Pol Droit philosophe, paru aux Éditions de l'Observatoire : Quand la parole détruit.

Blablabla, Retweet et Fermela Jairaison sont sur un sacré paquebot à l’heure où je vous parle. Trois figures mythiques qui se prennent le bec en permanence sans s’apercevoir qu’ils foncent sur un iceberg qui fera sombrer le débat démocratique ?

Le brouhaha prend le pas sur le débat

Avons-nous bien mesuré les bouleversements qui touchent la parole depuis une quinzaine d’années ? Pas la parole qui se donne en tant que promesse, mais la parole qui nous inonde et fait boule de neige sur les réseaux sociaux, les chaînes d’information et les sites internet. On salue une ouverture mondialisée de la parole qui peut informer, souder des communautés, libérer des expressions auparavant inaudibles. On subit aussi une inflation de prises de parole qui condamnent en 30 secondes, qui s’indignent sans creuser, qui relaient des fausses informations pour se croire au-dessus du lot, qui harcèlent anonymement ou appellent à la haine sans limite.

Tu es responsable de ta langue et de ton clavier

Dans leur nouveau livre Quand la parole détruit (Éditions de l’Observatoire), Monique Atlan et Roger-Pol Droit font le point et lancent l’alerte. Après une analyse historique et philosophique de l’usage de la parole qui est le propre de l’humain, ils dissèquent les effets pervers d’une chambre d’écho sans précédent. Si la parole peut être aussi salvatrice que toxique, la caisse de résonance des réseaux pose de plus en plus la question éthique de la responsabilité de l’émetteur. L’impunité de l’anonymat est-elle encore tenable à l’heure des fake news qui fusent ? Le langage « naturel » accordé aux intelligences artificielles nous fera-t-il basculer dans une servitude insidieuse et à peine entrevue ? Comment tenter de reprendre en main l’usage de la parole, le seul super-pouvoir de l’humanité, largement sous-estimé ? Dans Quand la parole détruit, Monique Atlan et Roger-Pol Droit lancent des pistes de réflexion avec un plaidoyer salutaire pour un nouveau « parler humain » qui mesure vraiment le poids des mots. Il est notamment essentiel de remettre en avant la responsabilité individuelle de nos prises de parole, après des décennies de doctrines qui tendent à la relativiser en convoquant les déterminismes sociaux ou psychologiques. Face à l’instantané accéléré, il parait aussi urgent de « tourner sept fois ses doigts au-dessus du clavier », de sortir de notre cocon numérique pour bien se rappeler que cette parole publique est toujours envers, par et pour les autres.

Langage naturel ou parole artificielle ?

À l’heure où je vous parle, un robot conversationnel nommé ChatGPT alimente les débats, en opposant les technobéats sérieusement bluffés et les horrifiés qui voient se concrétiser un peu plus les dérives annoncées. Ce nouvel outil pourrait inonder l’espace public de textes générés automatiquement dans une boîte noire dont on connaît mal les sources. Est-ce une pièce de plus dans le juke-box du chaos ou la goutte d’eau qui remettra à la une la question de la responsabilité de la parole ? Tout comme moi, vous donnez peut-être votre langue au chat.

Alors, avant de vous quitter, j’aimerais laisser la parole aux auteurs :

« Parler l’humain, c’est avant tout avoir le sentiment que les paroles importent, les nôtres comme celles des autres, qu’elles ont toutes un poids et des effets. Quiconque garde cette évidence à l’esprit ne parle plus de la même manière (…) En se souvenant que chaque parole change le monde, même de manière infime, chaque parleur agit autrement. »

REBONDS

👉 Toutes les infos sur le livre sont à retrouver sur le site de Roger-Pol Droit

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Un philosophe à l’hôpital ?

Un philosophe à l’hôpital Livre de Guillaume Durand Flammarion

Attention, derrière ce titre un peu à double-sens, ne se cache pas un philosophe souffrant, mais plutôt une nouvelle mission. Il n’est donc rien arrivé de grave à son auteur-philosophe, Guillaume Durand. Dans les couloirs de l’hôpital, on sait tous que c’est la science qui a fait de notre espérance de vie ce qu’elle est aujourd’hui. Mais parfois, des choix de santé soulèvent des questions plus éthiques que médicales et Dame La Science se retire sur la pointe des pieds. Certains médecins peuvent alors faire appel à Guillaume Durand pour aider patients et familles à orienter leurs décisions. Guillaume Durand n’est pas un sage avec une longue barbe qui lit l’avenir, le bon et le bien dans les IRM. Que nenni. Il est maître de conférences en philosophie à Nantes, et spécialiste en éthique médicale et bioéthique. Pour être au cœur de ce dont il parle, il dirige aussi la consultation d’éthique clinique au Centre Hospitalier de Saint-Nazaire.

Un pas de côté pour nourrir la liberté de choix

Dans son livre Un philosophe à l’hôpital qui vient de paraître chez Flammarion, Guillaume Durand raconte à chaque chapitre un nouveau dilemme médical et comment il essaie de guider au mieux les patients pour trouver l’attitude qui fera sens pour eux et qui respectera leur liberté. Avec lui, nous croisons de futurs parents confrontés au handicap physique lourd du fœtus pouvant justifier une interruption médicale de grossesse, une jeune fille qui souhaite une ligature des trompes pour raison « écologique », une femme qui panique à la lecture de son décryptage ADN commandé en douce sur Internet ou un détenu diabétique qui refuse l’insulinothérapie pour ne pas paraître « faible » aux yeux des autres prisonniers… 13 histoires qui nuancent nos certitudes. 13 histoires sans pathos ni complaisance, mais qui nous confrontent aussi très concrètement à ces fameux enjeux bioéthiques très clivants de notre société.

A l’hôpital, moins de morale, plus d’éthique

Même si le livre ne foisonne pas de références aux grands philosophes, on y voit l’influence de penseurs à l’éthique minimaliste comme l’utilitariste John Stuart Mill ou le libéral Ruwen Ogien qui résumait sa morale par « Ne pas nuire aux autres, rien de plus. »

La force de la réflexion et du témoignage de Guillaume Durand dans Un philosophe à l’hôpital, c’est de montrer comment la philosophie gagne plus que jamais à s’intégrer à la vie de la cité et à se « cogner » au réel comme si Socrate s’invitait en consultation. La demande de réflexion philosophique grandit et la philosophie peut frayer avec bien des disciplines. Pour le plus grand bien des patients qui savent que soigner, c’est bien plus que prescrire le bon antalgique. La très médiatique Cynthia Fleury a déjà fait entrer la philosophie à l’hôpital. Gabrielle Halpern veut aussi montrer combien l’hybridation de la société va devenir nécessaire : une bonne façon d’associer les disciplines pour sortir des querelles de chapelles et affronter avec créativité la complexité de notre monde. On le sent : les « philosophes » descendent plus volontiers dans l’arène et passionnent de plus en plus de « non-philosophes ». Un principe actif qui ne peut avoir que des effets désirables.

Le sens des limites, un 7e sens ?

À l’heure des distances de sécurité et du couvre-feu, le nouveau livre de Monique Atlan et Roger-Pol Droit nous offre un voyage au pays des paradoxes. Sans bagages et depuis notre canapé. Alors que les limites sanitaires font la une, on part interroger la notion de limite pour mieux la mettre au service du progrès humain. Détendez-vous : Le sens des limites , aux Éditions de l’Observatoire, est un livre à lire à 80 km/h comme à 90 km/h. Peu importe.

Limites d’hier et illimité d’aujourd’hui ?

Le voyage dans le temps commence par les Grecs de l’antiquité pour qui l’art de la limitation était au service d’une vertu cardinale et glorieuse : la recherche du « juste milieu », un véritable sommet de la civilisation pour eux. Rien à voir effectivement avec le slogan de Mai 1968 « Il est interdit d’interdire » qui s’autodétruit contre le mur de l’absurdité. Entre les deux époques, une longue histoire de limites repoussées par la connaissance, la démocratisation et la révolution de l’individualisme, avant de déboucher dès la seconde moitié du XXe siècle sur une ligne idéologique vraiment trop cool : l’effacement de toutes les limites. Une fuite en avant portée ensuite par la mondialisation libérée des échanges, la révolution numérique ou de nouvelles frontières biotechnologiques joyeusement repoussées. Mais voilà, dépasser sans cesse les bornes sans jamais en interroger le bienfondé peut rencontrer ses limites.

Quand la transgression n’est plus qu’une posture qui tourne à vide, où va-t-on ? Quand la folie de l’illimité dans un monde physique limité rencontre la crise écologique, comment fait-on machine arrière ? Quand la tolérance sans débat rencontre des réactions aussi conservatrices que déboussolées au point de mettre en danger la démocratie, que dit-on ? Quand une pandémie relègue notre arrogance au placard et nous impose des limitations rendues insupportables par notre individualisme, que change-t-on pour l’après ? 

Un petit recadrage ?

Il parait que la création se nourrit aussi des contraintes ou que les enfants s’épanouissent mieux dans un cadre structurant. Il paraitrait même que les lois nous ont évité de nous entretuer sans fin. Toutes les limites ne sont donc pas bonnes à mettre aux orties ?  Effectivement, rien n’est simple dans le match entre homo illimitatus qui veut toujours dépasser les bornes et homo limitans qui ne se sent bien qu’avec des frontières inébranlables. Tout se gère une fois de plus dans l’art de la nuance agile et complexe. Comme le duo le démontre brillamment dans Le sens des limites, notre vie terrestre, notre perception et notre réflexion, sont de toute façon fondées sur d’indispensables limites pour cohabiter, séparer et concevoir.

La civilisation est l’art politique de s’imposer ses propres limites pour mieux vivre ensemble et dans la durée. Marque évidente du monde adulte qui s’empêche pour son bien, la limite est à réinventer sans cesse, en dépassant la simple vision manichéenne du type : « limite = fardeau liberticide » vs « sans limite = progrès ultime ». En fait, il existe des limites inutiles à combattre, d’autres à assouplir, d’autres à instaurer, etc. Et c’est là où les sacrés défis de notre époque nous apportent chaque jour des travaux pratiques sur ce sens des limites, qui doit être aussi agile par rapport au réel que dénué de barrières idéologiques.

On espère que ce plaidoyer sera entendu le plus largement possible, car l’exploration profonde et nuancée du livre de Monique Atlan et Roger-Pol Droit est pour le coup à partager sans modération. Oui, je me suis dit que je pouvais me permettre cette pirouette finale puisque leur ouvrage se termine, à propos de la réinvention permanente des limites, par l’expression « À l’infini ».  

Quelques extraits (oui, tout à ses limites) juste ici

Voltaire contre Rousseau… et vice versa

Roger-Pol Droit Monsieur, je ne vous aime point Voltaire RousseauSi vous avez adoré les Lumières, c’est peut-être la faute à Voltaire. Si vous avez pensé que la nature, c’est vraiment trop beau, c’est sans doute la faute à Rousseau. Quoi qu’il en soit, ces deux-là ont marqué à jamais les lettres et la pensée politique, votre bac de français et votre découverte de la philo en terminale. Irréconciliables en leur temps, mais rapprochés pour toujours au Panthéon, ces deux-là méritaient-ils d’être amis ? C’est l’histoire de cette rencontre manquée que nous raconte avec brio le philosophe Roger-Pol Droit dans Monsieur, je ne vous aime point (Ed. Albin Michel). Mettez votre perruque poudrée, on selle les chevaux…

Un roman philosophique, s’il vous plaît

Après nombre d’essais philosophiques aussi accessibles que passionnants, Roger-Pol Droit teste la double-biographie romancée à perspectives philosophiques. Un coup d’essai ? Non, un coup de roman et un coup de maître. Nous voilà embarqués dans l’intimité d’un XVIIIe siècle qui hésite entre un Dieu roi et la Raison reine. Roger-Pol Droit alterne les chapitres « Voltaire » et « Rousseau » pour nous expliquer comment le Jean-Jacques qui admirait Voltaire va devenir son pire ennemi. Au fil de l’aventure politique et intellectuelle de Voltaire et Rousseau, nous découvrons leurs tempéraments opposés et les écarts moraux que ces deux monstres sacrés peuvent faire entre ce qu’ils écrivent et ce qu’ils vivent. Dans Monsieur, je ne vous aime point, nous voici ballotés de moments de gloire en exils forcés (vers Genève, vers la Prusse) et de protecteurs (Frédéric II de Prusse pour Voltaire, David Hume pour Rousseau) en protectrices (Madame de Varens, dite « Maman » pour Rousseau, Madame du Châtelet pour Voltaire, et d’autres encore). Nous sommes également éclairés sur les péripéties personnelles qui ont pu interagir avec leur philosophie, aux côtés des encyclopédistes Diderot et d’Alembert.

Nous voici mis dans la confidence des failles et faiblesses de Rousseau et de Voltaire, de leurs maladies intimes comme de leur sexualité, de leurs compromissions comme de leurs élans de bravoure… et l’admiration côtoie vite l’inquiétude apitoyée : c’est la force de l’exercice romanesque. Même s’il m’est arrivé de me demander ce qu’il fallait considérer comme « romanesque » et ce qui restait très fidèlement historique, on peut faire confiance à la probité de Roger-Pol Droit pour ne jamais trahir ses « personnages ». Lire la suite « Voltaire contre Rousseau… et vice versa »

« Que faire des cons ? » Vaste programme…

Que faire des cons ? Maxime Rovere Flammarion« Que faire des cons ? » Un bien joli titre choisi pour son nouveau livre par Maxime Rovere, spécialiste de Spinoza… et très habilement sous-titré « pour ne pas en rester un soi-même. » Point de guide pratique en 10 leçons pour en finir avec le tonneau des Danaïdes de la connerie humaine. Le propos est bien moins démagogue et le voyage intellectuel qui nous attend bien plus vertigineux et déroutant, car manifestement, avec les cons, nous nous trompons souvent de diagnostic et de stratégie…

Emportés par la foule chute ?

L’idée du sujet a été donnée à l’auteur par une colocation difficile… mais nous n’en saurons pas beaucoup plus. N’y tenant plus, cherchant la catharsis, Maxime Rovere a manifestement choisi d’affronter le problème en brave philosophe. Il s’est alors vite aperçu que le sujet avait été très peu traité dans sa discipline. De peur de quitter les hautes sphères de la réflexion conceptuelle ? Peut-être… Un des constats majeurs de Maxime Rovere dans « Que faire des cons ? », c’est que la connerie a le don de nous faire perdre notre capacité à réfléchir. La colère et le mépris qui nous saisissent face à elle rendent impossible toute contre-attaque « efficace ». Les cons et les connes ont un vrai don pour nous entraîner dans leur chute. Chute évidemment, car nous nous sentons toujours supérieurs à eux. Une « supériorité » tout en paradoxes, puisqu’il n’est pas rare que nous soulignions plutôt sans le savoir notre impuissance : en convoquant une morale surplombante (est-elle au moins partagée ?) ou en appelant à une loi protectrice (comme si l’État pouvait se substituer à chaque citoyen face à chaque con fini).

La connerie défie l’intelligence

La grande force de l’approche de Maxime Rovere, c’est de nous faire réaliser qu’il y a Lire la suite « « Que faire des cons ? » Vaste programme… »

Et si Platon revenait…

Et si Platon revenait Roger-Pol Droit

Après l’avoir croisé en classe de Terminale, nous avons à nouveau rendez-vous avec ce cher Platon dans une galerie d’art contemporain, au Mc Do ou au mémorial de la Shoah. C’est le philosophe Roger-Pol Droit qui nous le présente : ils se sont recroisés à la COP21 après avoir échangé sur Facebook. Avec « Et si Platon revenait… », l’auteur habitué des expériences de pensée philosophiques nous embarque dans un télescopage des plus stimulants à la redécouverte de ce Platon que tout le monde croit connaître. De scènes décalées en rebondissements intellectuels, nous n’avons pas fini de sortir de notre caverne…

Platon, candide au XXIe S. ?

Parachuté en 2018, Platon réaliserait par exemple que nos écrans sont nos cavernes mobiles où se projettent en permanence des reflets de la réalité qu’il nous faut sans cesse interroger. Il reconnaîtrait chez les dir’com les nouveaux sophistes, qu’il a bien connu dans sa Grèce antique. Il s’étonnerait que la dissidence et la rébellion soit constamment célébrée (pour mieux la neutraliser ?) au point d’offrir à un de ses représentants le Prix Nobel de Littérature. Il prendrait Google avec des pincettes : ce n’est pas parce que tout le savoir du monde est à notre portée que cela suffit à notre intelligence. Il faut avoir préalablement trouvé ailleurs des principes organisateurs pour faire le tri, comme pour la nourriture, entre savoirs indigestes, avariés, toxiques ou pathogènes. Platon se rend aussi à Pôle Emploi, visionne House of Cards, se balade sur Meetic, va chez le psy ou croise Thomas Pesquet. Roger-Pol Droit nous régale intellectuellement en confrontant le penseur des dialogues athéniens à une quarantaine de sujets contemporains. Mais il va beaucoup plus loin. Lire la suite « Et si Platon revenait… »

Être ou ne pas être soi-même… en T-Roc.

Volkswagen T-Roc affiche Il est emps d'être vous-mêmeVous ne pensiez pas qu’avec une Volkswagen, on pouvait avoir du Nietzsche en option ? On n’arrête pas le progrès philosophique, surtout à 130 km/h. Avec cet appel à devenir enfin soi-même, ce Nouveau T-Roc roule à la singularité et nous donne une leçon de conjugaison. Introspection automobile…

Le crossover T-Roc, pour celles et ceux qui savent lire.

Tout d’abord, je voudrais rendre hommage à l’équipe créative qui a osé faire des affiches avec des accroches textuelles au moment où je croise de plus en plus d’affiches « muettes » pour des constructeurs automobiles. Une photo, un nom de modèle et un prix. N’ont-ils plus rien à dire ? On compatit. Sous la signature « Il est temps d’être vous-même », le Volkswagen T-Roc a récompensé mon attention en me donnant à réfléchir. Que me dit-on ? Lire la suite « Être ou ne pas être soi-même… en T-Roc. »

Bonhannée avec Philocomix

Philocomix Rue de Sèvres BD

Serez-vous heureux cette année ? C’est bien sûr tout ce que VOUS TOMBEZ PILE vous souhaite en ayant attendu la limite acceptable de la fin janvier, le cachet du blog faisant foi. En 2018, comment choper du bonheur avant qu’il n’aille voir ailleurs ? Oublions les astrologues, les fonds de l’œil chez l’ophtalmo et la cartographie du marc de café. Rencontrons 10 facettes de la quête du bonheur avec les 10 philosophes de la bande dessinée Philocomix

Philocomix, avec 10 super-héros du bonheur

Vous avez passé le mois de janvier à lancer et à recevoir des « Bonne année ». Reste à savoir ce que vous pouvez attendre comme genre de bonheur de votre existence et si la course au bonheur vaut toute la peine que vous vous donnez… Parce que le bonheur, c’est un peu comme une savonnette enrobée d’huile d’olive : à peine on croit l’avoir attrapé qu’il nous file entre les doigts. Un vrai sujet de philo qui nous occupe depuis l’Antiquité : la quête philosophique du bonheur porte même le joli nom d’eudémonisme. Avec Philocomix, la bande dessinée de Jean-Philippe Thivet, Jerôme Vermer et Anne-Lise Combeaud (Ed. Rue de Sèvres), c’est parti pour un décathlon philosophique en BD : un chapitre par philosophe, de Platon à Nietzsche, en passant par les stoïciens qui se préparent à la mort, le fameux pari de Pascal, le bonheur au service du bien universel de Kant, l’utilitarisme de Bentham, la voie de la sérénité de Schopenhauer ou le « deviens qui tu es » de Nietzsche. Un bréviaire dont la lecture à elle seule est déjà un petit bonheur. Dessin enlevé dans l’esprit du roman graphique, clins d’œil humoristiques qui nous rapprochent un peu de ces 10 monstres sacrés, petit topo final avec des renvois sur des vidéos pour en savoir plus… : avec Philocomix, vous serez vraiment paré.e.s pour questionner le produit qu’on veut nous vendre sur tous les tons : le « bonheurisme » contemporain, associé zélé de l’individualisme.

Philocomix Rue de Sèvres BD Pari de Pascal
Du bon marketing ce pari de Pascal…

Attention, la philo, c’est pas du développement perso !

Après être passé.e comme ça de l’Antiquité au Surhomme, vous vous poserez peut-être la même question que moi : finalement, la quête du bonheur en soi ne serait-elle pas un peu vaine ? L’iconoclaste François Cavanna nous a dit : « On court après le bonheur, et l’on oublie d’être heureux. » Voilà qui m’interpelle, Adèle. Se focaliser sur lui, c’est peut-être s’obstiner à traquer l’ombre sans s’occuper de l’essentiel. A contrario, nous avons tellement de mal à le reconnaître quand il est là que certains disent même qu’on le remarque surtout au bruit qu’il fait… en partant. Notre étourderie et notre ingratitude nous rendent en effet bien plus attentifs aux frères ennemis de la félicité, qui ne font pas dans la discrétion : le malheur, la tuile, le drame, la catastrophe naturelle, etc. La philosophie dans tout ça ? Face au paradoxe existentiel de la savonnette enrobée d’huile d’olive, elle n’a pas de recette miracle pour nous rendre heureux. La philosophie ne tient pas un cabinet de coaching sur le Boulevard du Bonheur Assuré. La philosophie cherche à nous rendre plus lucide et c’est rarement un gage de bonheur… au moins dans un premier temps. Elle remplace les fausses certitudes par de saines questions et vous oblige à regarder les événements et les grands mots sous un autre angle.

Philocomix Rue de Sèvres BD Schopenhauer
Un ami des bêtes, ce Schopenhauer.

Alors, peut-être qu’après avoir révisé 10 recettes de philosophes dans Philocomix, il ne nous reste plus qu’à tester la onzième : la nôtre. Un petit cocktail avec du Sénèque, du Kant et du Schopenhauer ? Un doigt de Montaigne avec un poil d’Epicure ? Chacun bricole. Chacun tâtonne. Mais, mais… Voyez plutôt les grands pianistes qui paradoxalement ne doivent surtout plus penser à la position de leurs doigts sur le clavier sous peine de fausse note. En 2018, je ne me mets pas au piano, mais je vais essayer de faire chaque jour ce que j’estime vraiment chouette et drôlement nécessaire d’être fait dans ma vie minuscule… sans penser à la position de mes doigts sur le clavier du bonheur.

Marre de me lire ? Écoutez-moi dans #2050LePodcast

#2050LePodcast Rebecca Armstrong podcastJe peux vous dire que vous allez m’entendre ! Attention : aucune menace autoritariste derrière cette expression. Il faut l’entendre au premier sens du terme. Rebecca Armstrong m’a en effet invitée à parler publicité et philosophie en 2050. Un mix étrange et taillé sur mesure pour ma pomme, enregistré chez les Normandy Web Xperts. On airLire la suite « Marre de me lire ? Écoutez-moi dans #2050LePodcast »

Algorithm’n’blues

TSF Jazz, publicité, robot, algorithme, It's a human thing

Quand vous êtes d’humeur chagrine le lundi matin, il vous arrive de vous demander entre collègues et entre deux cafés si vous serez bientôt remplacés par des robots ? Voilà une inquiétude bien légitime face à la surenchère technologique des prodiges de l’intelligence artificielle. Notre monde pourrait basculer dans un cauchemar de science-fiction ou au contraire inventer un nouvel âge d’or du farniente.

Algorithme ? Est-ce que j’ai une gueule d’algorithme ?

Heureusement, même les plus pessimistes s’accordent pour dire que la créativité pure et les métiers du soin seront encore pendant quelque temps l’apanage de l’être humain. Comme pour nous rassurer en musique, TSF Jazz a choisi de souligner que le jazz en est l’illustration : une échappée constamment réinventée, entre improvisation et standards, qui ne répond à aucun programme et préfère toute la gamme des émotions à l’alignement des 0 et des 1. Nous voilà donc ravi.e.s de voir notre apprenti cyber-trompettiste totalement dépité. C’est bien joué tout ça, mais vos doutes sur ce qui nous rend irremplaçables ne s’en vont pas ?

Descartes avait tiré les choses au clair…

Néanmoins, si des intelligences artificielles peuvent désormais composer de la musique (oui, oui), il n’est pas inutile de revenir avec Descartes sur ce qui nous distingue au final de la machine et de l’animal. Être humain, c’est ne pas pouvoir compter sur les schémas très encadrés de l’instinct animal. Être humain, c’est ne pas pouvoir fonctionner selon un programme préétabli comme un machine. Être humain, c’est donc se confronter au tâtonnement, à l’échec et… à la terrible liberté de choix. Aujourd’hui, face à tous les assistants numériques et prédictifs qui colonisent notre quotidien en nous profilant, la résistance va peut-être consister à rester encore plus imprévisibles qu’un solo de jazz.

Et puis, avec notre connaissance intime et millénaire de l’échec, qui sait si un jour nous ne serons pas les mieux placés pour venir en aide à des robots déprimés… car incapables d’improviser aussi bien que nous ?

Rebond bonus avec philosophie magazine

La série scandinave Real Humans qui brouille les cartes et nous affole les circuits imprimés.

Little Brother et Big Questions

Raphaël Enthoven, Little Brother, Gallimard, Philosophie, chroniques Où se cache Little Brother ? C’est bien la question que votre conscience devra sans cesse se poser après avoir refermé ce livre de Raphaël Enthoven, recueil de textes courts initialement parus dans Philosophie Magazine. Little Brother, donc ? Que cache la référence au 1984 de George Orwell, et au lavage de cerveau totalitaire de son Big Brother ? Lire la suite « Little Brother et Big Questions »

Le parti pris de Simone Weil avec un W

Simone Weil Note sur la suppression des partis politiques Climats J’ai toujours été un peu gênée par l’esprit de parti. J’ai toujours été affligée par l’œillère du sectaire sûr de son fait et par sa propension à tordre sans vergogne la vérité pour qu’elle aille dans son sens… au lieu de reconnaître que le camp adverse, sur ce point au moins, n’a pas tort. Comme beaucoup peut-être d’entre vous, j’en avais pris… mon parti, sous couvert, que les partis faisaient partie de la vie politique. C’était avant ma rencontre avec ces 45 pages lumineuses de Simone Weil : « Note sur la suppression générale des partis politiques », livre réédité en ce mois de mars chez Climats. Oui, Weil avec un W, car il s’agit de la philosophe qui travailla aussi à la chaîne chez Renault et non de la ministre qui s’est battue pour le droit à l’IVG. Simone Weil nous prévient : «  Presque partout (…) l’opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s’est substituée à  l’opération de la pensée. » Quelqu’un qui porte en 1940 un diagnostic toujours d’actualité en 2017 mérite une saine relecture… Lire la suite « Le parti pris de Simone Weil avec un W »

La Vie Intense, c’est plus ce que c’était.

tristan-garcia-la-vie-intense-autrementDu café moulu au moindre parc de loisirs, il ne se passe pas un jour sans qu’on nous promette une expérience intense. Dans nos vies qui ne peuvent plus se contenter d’être ordinaires, c’est l’obsession moderne et la valeur cardinale de la société libérale et marchande. La finalité de l’existence est d’intensifier sa nervosité, ses sensations et ses potentiels. Une évidence qu’on n’interroge même plus. Le romancier et philosophe Tristan Garcia y a donc vu un angle mort de notre société, à scruter sérieusement dans « La Vie Intense » (Éditions autrement). Personnellement, mon cervelet n’est pas ressorti tout à fait indemne de ce livre. Une lecture exigeante, une pensée dense et un final qui a eu l’effet d’une électrode : « Mais c’est bien sûr… ». Les critiques qui m’ont précédée ont surtout flashé sur le parallèle historique que l’auteur fait entre le développement du concept d’intensité et la charge symbolique de l’avènement de l’électricité, qui enthousiasma les salons du XVIIIe S. Mettons les doigts dans la prise, mais n’en restons pas là… Lire la suite « La Vie Intense, c’est plus ce que c’était. »

L’espoir a-t-il un avenir ?

L'espoir a-t-il un avenir Monique Atlan Roger-Pol DroitLe poète Dante avait inscrit à la porte de l’Enfer : « Laissez toute espérance, vous qui entrez. » Adeptes décontractés de la désespérance très tendance, aurions-nous fait, de cette sentence glaçante notre devise ? Monique Atlan et Roger-Pol Droit qui m’avaient déjà passionnée avec leur enquête HUMAIN partent à la recherche de ce qui a disqualifié peu à peu l’espoir d’un monde meilleur. Dans un court termisme devenu subrepticement la règle, il est de bon ton de savoir profiter de l’instant sans trop attendre de l’avenir… et en même temps, on sent bien que tout cela ne nous mènera pas bien loin. Ouvrons avec eux la boîte de Pandore pour voir si l’espoir y dort encore…et comment on peut le réveiller. Oui Pandore, car dans « L’espoir a-t-il un avenir ? », tout commence par ce mythe fondateur que l’on réduit un peu vite à l’amphore d’où sortent malencontreusement tous les maux du monde. On oublie qu’il y reste, tapie au fond, une entité que les Grecs appellent elpis. Sa parfaite ambiguïté résume la condition humaine : à la fois connaissance des tourments qui peuvent surgir et… ignorance de ce qui va vraiment advenir et quand. Un mélange d’attente inquiète et d’espérance positive. Ce n’est bien sûr que le début du voyage en terre d’espérance… Lire la suite « L’espoir a-t-il un avenir ? »

Le bonheur est dans le hasard, cher Édouard.

céramique raku chemins du gingko
Les belles craquelures aléatoires d’une céramique raku de Catherine Le Baron…

Quel rapport entre la question innocente d’une lycéenne, le dernier livre du philosophe Roger-Pol Droit et la céramique raku ? Vous allez voir ce que vous allez voir…

Lors d’une dédicace à un salon du livre, une lycéenne posait à chaque auteur une question épineuse, dans le cadre d’une espèce de mémoire : « Pensez-vous que le bonheur soit un but dans la vie ? ». Diantre.

Je lui ai répondu que justement « pas du tout », que c’était vouloir attraper une ombre et que l’essentiel, c’était plutôt de trouver pourquoi on était fait, pourquoi on vibrerait de toutes ses cordes à son arc. Trouver sa place et faire résonner ce qui fait de nous ce que nous sommes. Oui, la société de consommation a tout intérêt à nous faire croire que le bonheur, c’est d’être heureux avec ce que l’on réussit à acquérir. Elle a eu l’air tout à fait satisfaite, mais pas le moins du monde étonnée par ma réponse qui est sortie comme ça d’on ne sait où. Acte I. Lire la suite « Le bonheur est dans le hasard, cher Édouard. »

L’heure de vérité

Si je n'avais plus qu'une heure à vivre Roger-Pol Droit Odile JacobDans « Pas son genre », le dernier film de Lucas Belvaux, le personnage principal, Clément, professeur de philosophie « parisianocentrique » muté à Arras, rappelle à ses élèves qu’en plus d’être une corvée vouée au bachotage, son cours est surtout l’occasion de découvrir que tout dans la vie peut être sujet à réflexion philosophique. Pour penser par soi-même, coûte que coûte, malgré les poncifs confortables, la dictature des marques de l’adolescence et la paresse bienheureuse. Une nouvelle montre de marque au poignet d’un élève arrogant ? Clément rappelle que c’est l’occasion de ressentir que chaque seconde fauchée par la trotteuse ne reviendra pas… Un échange de vue dans une salle de classe de terminale qui se termine par le couperet cynique de la réplique de l’élève : « Oui ça donne l’heure aussi ! » Aucune chance qu’un tel élève se plonge, avec ou sans montre, dans le livre de Roger-Pol Droit « Si je n’avais plus qu’une heure à vivre ». Et pourtant, on peut s’octroyer cette heure de vérité à tout âge…

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Apologie de la punition…ou éloge du rachat ?

apologie de la punition jaffelin« Apologie de la punition », le dernier livre d’Emmanuel Jaffelin, c’est un peu comme de la grenadine verte. Il y a ce qu’on appelle en psychologie comportementale une erreur d’attente… Si vous ne connaissez pas l’auteur,  le titre peut en effet vous faire penser à un livre moralisateur et nostalgique, limite réactionnaire. Et pourtant, l’humanisme qu’on y rencontre joue dans une tout autre cour… Quelqu’un qui peut concilier dans sa bibliographie « Éloge de la Gentillesse » et « Apologie de la punition » démontre justement un niveau de nuance de la pensée des plus dignes d’intérêt dans un monde facilement binaire. Si la gentillesse est pour l’auteur la noblesse qui consiste à rendre service à quelqu’un qui vous le demande, la punition serait le « service » réparateur et ré-intégrateur que doit rendre la société à quelqu’un… qui évidemment ne l’avait pas demandé tout de suite. Encore faut-il donc que la fameuse punition serve à réintégrer et pardonner plus qu’à mettre à l’écart. C’est sur cette nuance que tout repose… Lire la suite « Apologie de la punition…ou éloge du rachat ? »

Quelques grammes de philo dans un monde de pub…

Quelques grammes de philo dans un monde de pub Gilles Vervisch Pour ceux qui sont nés avant 19XX, ce détournement est celui du fameux slogan chocolatier « Quelques grammes de finesse dans un monde de brutes »… et ce détournement est le titre du dernier livre de Gilles Vervisch, agrégé de philosophie et « passeur » de sagesse sur l’antenne de la radio Le Mouv’ à une heure où toutes les questions existentielles refont surface : 7 h 32. Oui, Monsieur Vervisch a le don de faire descendre la philo dans la vraie vie… et également le don du titre. Mon premier déclic face à son œuvre s’est produit sur une couverture de livre qui portait celui-ci : « Comment ai-je pu croire au Père Noël ?». Un peu fâchée avec la conduite, j’ai ensuite beaucoup souri à la lecture de « Tais-toi et double ». Et lorsque je lui fis dédicacer « De la tête aux pieds » pour un passionné de football, il me confia qu’il réfléchissait à un projet d’ouvrage sur la communication. Philo promise, philo due… voici que l’opus est sur les étals. En tant que publicitaire, j’ai ouvert le livre comme une tablette de chocolat… Lire la suite « Quelques grammes de philo dans un monde de pub… »

La revanche de la gentillesse

Derrière le vilain oxymore de mon titre, c’est le contexte actuel qui s’exprime… En pleine croissance triomphante, le winner avait beau jeu de toiser avec mépris le camp des « gentils ». En pleine crise de civilisation, cachée par la crise tout court, la gentillesse nous refait signe pour réchauffer notre humanité. Si l’homme semble parfois être un loup pour l’homme, il peut aussi faire le choix de dépasser son égoïsme dans les moments… critiques. On a toujours le choix, n’est-ce pas ?

C’est bien cette opportunité d’une révolution douce que j’ai découverte en sirotant l’opus d’Emmanuel Jaffelin, agrégé de philosophie : « Petit éloge de la gentillesse ».

Ce voyage en dehors des balises du cynisme nous offre tout d’abord une étonnante balade étymologique qui commence  dans l’antiquité romaine. A cette époque, le « gentilis » est un noble romain qui fait partie d’un clan. Puis, c’est l’esclave qui est « gentil » car il appartient (c’est le cas de le dire) à une famille noble. Propulsé dans le monde chrétien, le « gentil » désigne ensuite celui qui n’est pas chrétien mais qui peut le devenir… un impie à qui on veut bien tendre la main. C’est le monde médiéval et chrétien qui redécouvrira le sens romain pour mettre à la mode les valeurs chevaleresques du « gentilhomme », qui doit tenir son rang, au service de buts élevés. On sort la Table Ronde et on est prêt à en découdre pour l’honneur. Mais ça ne va pas durer : à la Renaissance, le chevalier commence à s’effacer devant le courtisan. N’offrant rien sans arrière-pensée, ce nouveau gentilhomme travestit volontiers sa lâcheté en courtoisie. Les  manières de la cour finissent par devenir des symboles d’injustice et précipitent l’envie de pendre les aristos à la lanterne. La république met en avant l’égalité entre les hommes et la gentillesse reste plantée là, bousculée par ses errances historiques, sujet de raillerie et témoignage de faiblesse dans le monde du calcul triomphant.

Ce qui m’a particulièrement intéressée dans le reste de ce grand petit livre d’une centaine de pages, ce sont les nuances apportées entre sollicitude, solidarité, gentillesse et altruisme. La gentillesse n’est pas la solidarité, car elle ne repose pas sur une organisation où mon intérêt particulier rejoint l’intérêt général… et où cette entraide organisée, peut me dispenser petit à petit d’être accessoirement gentil ! La gentillesse n’est pas non plus la sollicitude de notre Amélie Poulain, car la gentillesse répond avec le sourire à un besoin manifeste ou une demande exprimée… sans prendre les devants de façon intrusive sur les prétendus besoins de la personne à aider. La gentillesse moderne d’Emmanuel Jaffelin propose en fait une révolution douce au « soft power » démultiplicateur, libérée des morales du devoir, où j’honore autant autrui que moi-même en rendant service.

Un point de désaccord subsiste cependant pour moi : certes la gentillesse doit se garder de l’intrusive  sollicitude, mais une fois de plus, tout n’est-il pas question de seuil et de dosage ? Si nous attendons tous que les autres expriment clairement leur demande d’aide, nous risquons de nous priver de belles surprises : celles que m’offre autrui, en devinant le geste ou la phrase qui me fera du bien. Il y a une version de la gentillesse qui se laisse guider par pure empathie sans attendre un besoin ou une demande manifeste. Il y a la magie de ce qu’on n’attendait même pas…

Si vous sirotez aussi le « Petit éloge de la gentillesse », soyez gentils : dites-moi en commentaire ce que vous en pensez.

>> découvrir le blog de l’auteur Emmanuel Jaffelin