Dans la salle d’attente avec Good Doctor

Good Doctor Autisme Intelligence artificielleVous n’êtes pas encore traités contre la boulimie de séries TV ? Vous pourriez alors avoir une ordonnance de ce type : « 2 épisodes par semaine de Good Doctor ». Depuis Urgences, le milieu hospitalier est un vrai bouillon de culture pour les séries à succès. La série Good Doctor, qui revient pour la saison 2 sur TF1 le 11 septembre, a une particularité très « Ressources Humaines » qui mérite d’être examinée… Allongez-vous, je sors le stéthoscope.

Good Doctor ne lit pas entre les lignes

Good Doctor met en scène le quotidien d’une clinique de San José aux États-Unis avec, comme acteur principal, un chirurgien pas comme les autres : Shaun Murphy. Shaun est un autiste qui combine intelligence hors du commun appliquée à la médecine et difficultés certaines à gérer les interactions sociales. Imperméable au double langage du sarcasme et de l’ironie, il est également capable d’annoncer sans ménagement à un patient qu’il n’a plus que 3 mois à vivre. Il peut aussi flanquer la trouille en vous débitant avec zèle la liste complète des effets secondaires de l’aspirine. Certains esprits taquins ne manqueront pas de souligner qu’on peut croiser bon nombre de médecins sans aucun doigté psychologique alors qu’ils ne sont pas diagnostiqués « autistes »… C’est d’une précision clinique incontestable, tant la nature humaine est imparfaite.

La désarmante sincérité de Shaun Murphy et ses nombreux « décalages » sociaux, voilà en tout cas du pain béni pour les scénaristes. Mais, au-delà de leur potentiel humoristique, les dérapages de Good Doctor mettent aussi en lumière notre fonctionnement quotidien de gens dits « normaux », entre petites hypocrisies sans conséquences, mensonges à tiroirs et subtils aménagements avec la vérité qui blesse.

L’autiste savant, ce héros…

Je ne pense pas que la série soit un plaidoyer au premier degré pour l’intégration professionnelle des autistes. Ce qui fascine les professionnels de l’écran, n’est-ce pas plutôt le potentiel spectaculaire d’une certaine forme d’autisme qui a fait le succès du film Rain Man ? L’autiste ne devient un héros que s’il affiche des compétences intellectuelles qui relèguent en bas du classement tous les premiers de classe. C’est cette intelligence spécialisée et supérieure de l’ « autisme savant » qui fascine. Elle pourrait même passer en 2018 pour l’équivalent d’une intelligence augmentée post-humaine. Les effets visuels qui émaillent la série pour illustrer la puissance d’analyse et de diagnostic de Shaun Murphy pourraient d’ailleurs évoquer celle dont tout le monde parle : l’intelligence artificielle. La puissance spécialisée de l’intelligence artificielle fascine tout autant notre début de XXIe S. Elle crée deux camps d’homo sapiens sur son passage : le clan de ceux qui s’engouffrent avec excitation dans la fuite en avant technologique et le club de ceux qui tentent de se rassurer en rappelant qu’aucun robot ne peut nous chiper nos capacités émotionnelles et relationnelles.

Good Doctor ou Med Robot ?  

Dans Good Doctor, Shaun Murphy peut à la fois représenter l’autiste surdoué et suggérer l’intelligence artificielle qui arrive sur le marché du travail. Leurs points communs ? Un déficit de capacités sociales parce que chacun des deux se focalise sur la rationalité et le strict objectif à atteindre.

Par la même, puisque je vous sens confortablement installés pour l’auscultation, Good Doctor permet aussi de s’interroger sur l’avenir de la médecine, entre diagnostic assisté avec excellence par l’intelligence artificielle et contact humain irremplaçable pour répondre à ce qui relève avant tout du mental et des émotions. Le « good doctor » idéal, n’est-ce pas désormais ce travail hybride entre l’intelligence artificielle et la sensibilité humaine ? Quel que soit le niveau de décryptage émotionnel d’un futur robot médecin, l’être humain devrait rester par essence le seul capable d’offrir les dimensions empathiques du soin. Parce qu’il assume et prouve chaque jour qu’il est fait de chair et de sang, comme son patient.

On papote, on papote… La tension est bonne. Rien à la palpation. Vous pouvez vous rhabiller. J’accepte la carte vitale.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

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->La bande annonce pour ceux qui ne sont pas encore passés au bloc avec Good Doctor :

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